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"C’est une honte politique" : Berlin met fin à son soutien financier aux ONG de sauvetage en mer
#Mediterranee #Allemagne #migrants #immigration #naufrages #SeaEye #SOSHumanity #SosMediterranee
Article mis en ligne le 28 juin 2025
dernière modification le 26 juin 2025

Berlin a annoncé mercredi mettre fin à son soutien financier aux ONG allemandes de sauvetage en Méditerranée. Sea-Eye, SOS Humanity ou encore SOS Méditerranée, très actives en mer pour sauver les migrants de la noyade, sont concernées par ces réductions de budget. En 2024, deux millions d’euros avaient été versées par l’Allemagne à des organisations maritimes d’aide aux migrants.

(...) Cette décision du gouvernement entré en fonction début mai marque un changement de cap par rapport à la politique menée par la précédente coalition qui avait défendu ces aides.

Au premier trimestre de l’année en cours, 900 000 euros ont encore été versés aux organisations concernées, SOS Humanity, SOS Méditerranée, Resqship ou encore Sea-Eye qui opèrent sur l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde. Elles avaient reçu un total de deux millions d’euros en 2024. (...)

Dans une déclaration à InfoMigrants, le porte-parole de Sea-Eye s’inquiète de cette réduction du budget qui pourrait "mettre en péril la capacité opérationnelle [de l’ONG] dans les opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale". Toutefois, Sea-Eye ne cessera pas ses opérations : "Nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver des vies en Méditerranée". Le président de cette même ONG, Gorden Isler, a lui déploré un "signal catastrophique" qui pourrait amener les sauveteurs "à rester à quai malgré des urgences en mer".

SOS Humanity, de son côté, s’offusque. "Nous ne sommes pas surpris, mais indignés que ce soutien déjà modeste de 2 millions d’euros par an [...] ait été prématurément annulé par le nouveau gouvernement fédéral allemand", a déclaré Till Rummenhohl, directeur général de SOS Humanity.

"Profondément inquiétant"

Pour la branche allemande de l’ONG SOS Méditerranée qui bénéficiait en partie de ces subventions, "cette décision intervient à un moment où les acteurs humanitaires, tant en mer que sur terre, sont soumis à une pression croissante, allant de l’obstruction politique aux obstacles administratifs et à la criminalisation directe", a expliqué une porte-parole à la rédaction. "Le retrait du gouvernement allemand de cette forme minimale de soutien [financier] aux efforts de la société civile en matière de recherche et de sauvetage reflète une tendance profondément inquiétante".

L’ONG Sea-Watch, elle, a dénoncé l’irresponsabilité de Berlin, auprès d’InfoMigrants. "Sea-Watch n’a ni reçu ni demandé de financement au gouvernement allemand. En outre, le soutien financier aux organisations de sauvetage n’exonère pas le gouvernement de sa responsabilité [...] en Méditerranée. Le fait que le gouvernement allemand réduise aujourd’hui un financement déjà insuffisant, au lieu de chercher une véritable solution, est une honte politique" (...)

Sur les 21 ONG participant à la flotte de sauvetage en Méditerranée centrale, 10 sont allemandes, avait indiqué mi-juin un collectif de ces organisations. Elles ont secouru plus de 175 000 migrants en Méditerranée depuis 10 ans. Un chiffre qui pourrait être encore plus important si l’on ajoute le bilan d’autres ONG, notamment celui de SOS Méditerranée - qui a secouru plus de 42 000 personnes depuis sa création en 2015.

Aujourd’hui, pour rappel, l’Union européenne (UE) ne dispose pas d’une force de secours commune, au grand dam des ONG. Seule la société civile est présente en mer Méditerranée pour sauver les migrants qui font naufrage sur leurs embarcations vétustes. L’agence européenne des gardes-côtes, Frontex, est bien présente en mer, mais leur rôle premier est de protéger les frontières européennes - pas de porter assistance aux embarcations en mer. (...)