Ah, on est bien pognés maintenant, comme des dindons, à faire la queue leu leu dans notre char.
As-tu déjà remarqué que le caca d’oie, c’est effectivement couleur caca d’oie. Tu vas me dire que je vais faire le saut quand je vais croiser une orange, mais le nom de ce vert m’a toujours marquée. C’est peut-être parce que je l’ai appris enfant quand on m’a déracinée de mon Québec natal pour m’envoyer côtoyer des petits Parisiens qui, EUX, savaient très bien ce qu’était le vert caca d’oie. Tantôt, je marchais vers le métro Henri-Bourassa, et figure-toi que le parc Ahuntsic en était complètement jonché ! Un Parisien aurait pu me faire remarquer « voilà bien du caca d’oie », ce à quoi j’aurais bien sûr répondu « non, c’est de la marde d’outarde ». Tu sais comment qu’on est avec notre parlure.
Je me dirigeais vers le métro pour me rendre à Longueuil. Traverser l’île d’une rive à l’autre. Quinze bons kilomètres qui, en voiture, m’auraient pris plus d’une heure. C’était presque le même temps en métro, mais il faut surtout que tu compares la qualité des deux promenades. J’avais la veille dû aller au centre-ville à l’heure de pointe, dans le brouillard. C’était un tel bordel que je m’étais promis de ne plus jamais tomber dans le piège de l’auto. Cette arnaque qui vit en pleine santé dans notre tête, ce mensonge qui a été gravé dans notre inconscient collectif à coups de millions d’images de pubs de chars. (...)