
Ancienne colonie britannique, longtemps soutien de la cause palestinienne, incarné par son premier président Mgr Makarios, Chypre est devenue un partenaire d’Israël sur fond de rivalités avec la Turquie. Toujours présentes sur l’île, les bases britanniques jouent un rôle crucial dans cette alliance.
« De Chypre à la Palestine, l’occupation est un crime », « Nikos [Christodoulides] on sait que tu soutiens le génocide »… Les opposants à la normalisation des relations entre Nicosie et Tel-Aviv se sont fait entendre avant la visite, le 4 mai 2025, du président chypriote en Israël, où il devait rencontrer le premier ministre Benyamin Nétanyahou, visé par un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité.
En fustigeant la colonisation israélienne et le génocide à Gaza, les manifestants ont rappelé le devoir moral et historique de Chypre, dont une partie du territoire demeure sous occupation turque. Ils ont ainsi souligné que les violations du droit international mettent en péril l’intégrité de la République. Quelques jours plus tôt, le 2 mai, le président turc Recep Tayyip Erdoğan s’était rendu en République turque de Chypre nord avec un agenda séparatiste explicite : une solution à deux États marquerait alors le passage d’une occupation illégale à une annexion définitive.
Dans le cadre de sa rivalité historique avec Ankara, Nicosie cherche à garantir sa sécurité face à l’occupation turque et entretient, en ce sens, une alliance étroite avec Tel-Aviv, ainsi que des partenariats stratégiques. Ces derniers se sont renforcés après la découverte, en septembre 2011, de gisements de gaz naturel en mer, qui a poussé le gouvernement turc à réaffirmer ses ambitions territoriales. Chypre s’est alors tournée vers Israël pour défendre et sécuriser l’exploitation de ces ressources. Cette alliance s’est aussi accentuée dans le secteur de la défense avec des manœuvres communes, une coopération entre services de renseignement et un approvisionnement de matériel militaire. (...)
L’arrivée au pouvoir en juillet 2024 d’un gouvernement travailliste n’a pas changé la donne, au contraire. Le premier ministre Keir Starmer a visité la base d’Akrotiri en décembre 2024 et les vols des forces spéciales américaines vers Israël ont doublé, selon le site d’investigation britannique Declassified UK (...)
Ce pont aérien, combiné aux vols de surveillance et de ravitaillement, a participé au nettoyage ethnique en cours à Gaza et dans les territoires occupés et, au-delà, à des campagnes de bombardements visant le Liban, le Yémen et la Syrie. Alors même que s’organisent des mobilisations pour entraver les transferts d’armements vers Israël, comme en témoignent l’embargo décrété par le gouvernement espagnol ou encore la grève des dockers grecs et marocains pour bloquer les déchargements de matériel militaire à destination des ports israéliens. Malgré les critiques d’organisations humanitaires, le gouvernement travailliste ne renonce pas. Au contraire, il criminalise les associations pro-palestiniennes qui s’y opposent.
Londres, piégé par sa « relation spéciale » avec Washington, risque d’être exposé aux conséquences légales de ses opérations à Chypre devant la justice internationale. (...)
Chypre, héritier d’un long combat contre la colonisation britannique et l’occupation militaire turque, se retrouve face au peuple palestinien, lui aussi en lutte pour mettre fin à la domination coloniale israélienne.
Voir aussi :
– (France24/video 1’18)
Gaza sous les bombardements alors que les négociations stagnent
Scènes de désolation dans un camp de Khan Younès, dans la bande de Gaza, après une nouvelle frappe israélienne. Au troisième jour des négociations indirectes à Doha, le ministre des Affaires étrangères qatari a estimé qu’il fallait s’attendre à un processus de discussions assez long. "Les pourparlers n’ont pas encore commencé", explique-t-il, les parties établissant pour l’heure "le cadre".
– Au moins 29 Palestiniens meurent dans des frappes israéliennes, cinq soldats israéliens tués à Gaza
De nouveaux bombardements israéliens ont fait au moins 29 morts dans la bande de Gaza selon les autorités locales. Cinq soldats israéliens sont morts lors de combats dans le nord du territoire, a annoncé mardi l’armée israélienne, qui poursuit son offensive dans l’enclave palestinienne, ravagée par 21 mois de guerre. (...)
Les combats ont poussé le système de santé de Gaza au bord de l’effondrement. Mardi, le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que la clinique médicale Al-Zeitoun, dans la ville de Gaza, avait cessé ses activités à la suite de tirs d’obus dans la zone environnante. Il a déclaré que cette fermeture obligerait des milliers de civils à parcourir de longues distances pour obtenir des soins médicaux ou faire vacciner leurs enfants. (...)
– Mer Rouge : deux morts après l’attaque toujours en cours d’un navire au large du Yémen
Un cargo attaqué lundi soir en mer Rouge, au large du Yémen, est "toujours encerclé" et "fait l’objet d’une attaque permanente", a rapporté mardi une agence de sécurité maritime. Un représentant du Liberia a annoncé de son côté, lors d’une réunion à l’Organisation maritime internationale à Londres, que deux membres de l’équipage avaient été tués. (...)
Bien que les Houthis n’aient à ce stade pas revendiqué s’en être pris au MV Eternity C, ces deux attaques successives font craindre que les rebelles, soutenus par l’Iran, ne reprennent leur campagne contre les navires passant au large du Yémen, en dépit d’un accord de cessez-le-feu conclu en mai avec les États-Unis.
Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu’ils estiment liés à Israël, puis des bateaux américains, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie à 21 mois de guerre entre Israël et le Hamas (...)