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Pressenza
Cinq initiatives féministes « invisibles » en Europe et en Eurasie
#feminisme #extremedroite
Article mis en ligne le 12 mars 2024
dernière modification le 10 mars 2024

Face à la menace d’une régression des droits des femmes, des groupes féministes en Europe et en Eurasie résistent contre l’extrême droite. Néanmoins, les médias internationaux se concentrent généralement sur les manifestations de masse en faveur des droits sexuels et reproductifs des femmes, négligeant les mouvements féministes intersectionnels émergents qui luttent pour le changement.

Par The conversation , KLUCZEWSKA Karolina, LINDMANN Cendrine (trad.), LUCIANI Laura

Le média indépendant openDemocracy s’est entretenu avec cinq responsables d’initiatives féministes locales de moindre envergure en Italie, en Pologne, en Azerbaïdjan, ainsi qu’au Kazakhstan et au Tadjikistan – pays dans lesquels les autrices disposent d’une expertise et d’un réseau de connaissances – qui transcendent les récits dominants sur les droits des femmes. Ces groupes s’attaquent à des formes complexes d’injustice, allant des alliances transféministes aux droits des personnes handicapées et en passant par l’autonomie sexuelle et corporelle.

Italie : le transféminisme contre l’extrême droite (...)

des activistes transféministes locaux·ales ont lancé Liberə Tuttə, un collectif intersectionnel qui défend le droit à l’avortement et à l’autodétermination.

Liberə Tuttə, qui signifie « tout le monde est libre » en italien, est le premier groupe de la province d’Ascoli Piceno, au sud de la région des Marches, à inclure les identités de genre non conformes et celles transgenres dans leur activisme, à travers un prisme ouvrier et antifasciste. (...)

Liberə Tuttə a témoigné : « L’antifascisme est au cœur de notre approche et du transféminisme en général. Il n’y a rien de pire que les limites au droit à l’autodétermination des personnes imposées par ceux d’en haut, qui détiennent le pouvoir absolu ».
Pologne : les femmes handicapées ont besoin de visibilité

Les droits reproductifs en Pologne sont menacés par le parti dirigeant Droit et Justice (PiS) et suite à une interdiction quasi-totale des avortements imposée par le Tribunal constitutionnel du pays, des manifestations massives ont éclaté en 2020.

Le groupe Artykuł 6 qui soutient ce combat pour les droits, sans toutefois adhérer complètement aux projets du mouvement féministe dominant, est un collectif informel de gauche composé de femmes en situation de handicap et de leurs soutiens. Il réunit des universitaires et des activistes qui luttent contre l’invisibilité des femmes handicapées et leur réification dans le débat public. (...)

Le collectif parle plutôt d’autonomisation, d’autodétermination et des droits humains des femmes handicapées, en particulier des droits reproductifs. Il refuse de définir le handicap en termes médicaux ou caritatifs. (...)

Azerbaïdjan : perturber le militarisme grâce à la paix féministe

En Azerbaïdjan, les femmes défenseures des droits humains et les militantes font souvent l’objet de campagnes de diffamation de la part des autorités et se trouvent dans une position de vulnérabilité en raison des limites du champ d’action de la société civile sous le régime autocratique du président Ilham Aliyev, qui dure depuis près de 20 ans.

Malgré les risques, le Feminist Peace Collective (collectif féministe pour la paix), une initiative locale indépendante, a vu le jour en 2020. (...)

Kazakhstan : lever les tabous sur la sexualité

Les valeurs conservatrices sont en plein expansion au Kazakhstan. En 2017, la loi visant à protéger contre les violences domestiques a été retirée du code pénal du pays, le gouvernement ayant affirmé qu’il serait plus efficace de l’introduire dans un autre projet de loi. Selon de nombreux·ses militant·es, le texte tant attendu et actuellement examiné par le Parlement, n’est pas suffisant pour protéger les femmes contre les abus. (...)

Le Kazakhstan compte peu de projets de soutien aux victimes de violences conjugales et accorde encore moins d’attention à leurs causes profondes. Une initiative féministe locale tente de remédier à cette situation : UyatEmes‧kz, une plateforme en ligne destinée aux adolescent·es et à leurs parents, qui aborde les questions liées à la puberté et à la sexualité. (...)

Tadjikistan : solidarité féministe contre culpabilisation des victimes

La violence domestique est également répandue au Tadjikistan. Les bailleurs internationaux, desquels le pays est dépendant, ont proposé des solutions comme des aides juridiques et psychologiques pour les femmes dans les zones rurales ainsi que des initiatives de microfinancement pour promouvoir l’indépendance économique des femmes. Mais les comportements sociaux qui légitiment la violence sexiste sont rarement abordés.

C’est pourquoi Elena Nazhmetdinova et Farzona Saidzoda, deux amies, ont fondé Tell Me Sister (dis-moi, ma sœur), une page Instagram qui encourage la jeunesse urbaine du Tadjikistan, très active sur les réseaux sociaux, à partager ses expériences de harcèlement physique et psychologique. Tell Me Sister publie ces témoignages de manière anonyme. (...)

L’objectif premier de Tell Me Sister était de créer un espace sûr pour que les femmes puissent partager leurs expériences et de contrer le discours ambiant qui culpabilise les victimes (...)

Le deuxième objectif de Tell Me Sister est de faire prendre conscience de l’ampleur du harcèlement auquel les femmes sont confrontées. (...)