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Le Monde
Comment Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont leurrés sur Vladimir Poutine : lisez les extraits des « Aveuglés », de Sylvie Kauffmann
#Russie #Poutine #Macron #geopolitique
Article mis en ligne le 18 octobre 2023
dernière modification le 17 octobre 2023

Dans un livre à paraître mercredi 18 octobre chez Stock, l’éditorialiste au « Monde » décrypte, à travers des témoignages et des épisodes-clés, ce qui a empêché les Européens de percevoir la réalité de la Russie de Vladimir Poutine. Nous en publions de larges extraits, centrés sur la période ayant précédé l’invasion de l’Ukraine.

Poutine et nous

Vladimir Poutine le sait : depuis le général de Gaulle, qui l’a équipée de l’arme nucléaire, la France se voit comme « une puissance dotée », l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui peut donc traiter à ce titre d’égal à égal avec les autres puissances. C’est la grande différence avec l’Allemagne, dont la puissance est d’abord économique. Avec la fin de la guerre froide et la disparition de l’Union soviétique, les structures sur lesquelles reposait l’organisation de la sécurité en Europe s’effacent les unes après les autres. Une nouvelle ère s’est ouverte. Chaque président français ambitionne de mettre sur pied « une nouvelle architecture de sécurité en Europe ».

Emmanuel Macron ne saurait manquer à l’appel. A cette ambition il en ajoute une autre, ouvertement déclarée, celle de faire de l’Europe un acteur géopolitique. Pour lui, le temps où les Etats-Unis et l’URSS, ou maintenant la Russie, géraient la sécurité de l’Europe par-dessus la tête des Européens est révolu. L’Europe doit être à la table des négociations. Il faut « engager la Russie ». (...)

Les Français, engagés dans la lutte contre Daech [l’acronyme arabe de l’Organisation Etat islamique], constatent que les forces russes ne tiennent absolument pas parole dans le ciblage des structures de Daech. La priorité de Moscou, et elle sera couronnée de succès, c’est le retour de la Russie dans la région et la consolidation du régime de Bachar Al-Assad. (…)

Il y a aussi le sujet épineux des interférences des services russes dans la campagne électorale française. (...)

Mais Macron veut renouer et prend prétexte de l’exposition sur Pierre le Grand au Grand Trianon de Versailles pour inviter Poutine. Tous les fastes de la République, et de la monarchie, sont déployés. A la conférence de presse qui suit l’entretien, transparaît la ligne que Macron entend mener avec Moscou : dialogue mais fermeté. (...)