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Bondy Blog
Dans le 19ᵉ, la répression « disproportionnée des mamans qui vendent de la nourriture » sur la place des fêtes
#inegalites
Article mis en ligne le 12 octobre 2024

Depuis l’été 2023, les vendeuses de pastels et de bissap sont réprimandées par les forces de l’ordre qui jettent leur nourriture et les verbalisent. Certaines dénoncent des agressions, dont un croche-pied. Ces vendeuses comme les habitants mobilisés autour d’elles s’insurgent contre le traitement « complètement disproportionné » qu’elles subissent et organisent une manifestation ce samedi 12 octobre à 10 heures sur la Place des fêtes.

(...) « À Place des fêtes, il y a une histoire et on en fait partie. On fait plaisir aux gens, aux enfants. Quand, on était petits, il y avait déjà des mamans qui vendaient ici », rappelle Aïssa. En effet, depuis plus de 20 ans, des femmes vendent du bissap (boisson à base d’hibiscus), des sangoumé (sorbet aux fruits) ou encore des beignets les jours de beaux temps. Un travail de subsistance non déclaré qui a été toléré jusque-là, selon elles. Mais depuis l’été 2023, ces femmes sont dans le viseur de la police nationale et municipale. (...)

À la mi-août, Aïssa a par exemple été verbalisée par des policiers en civil qui ont d’abord pris soin de jeter « sa marchandise à la poubelle », une action systématique lors des interpellations, témoigne-t-elle. « Ils m’ont demandé mon nom et comme je n’ai pas voulu leur le donner, ils m’ont prise en photo et là, les informations sont sorties », raconte la jeune femme qui a écopé d’une amende de 300 euros. Contactée par le Bondy blog, Noémie Levain de la Quadrature du Net confirme que la reconnaissance faciale peut être pratiquée lors de contrôle. « La reconnaissance faciale est de plus en plus utilisée et l’État ne fait rien pour l’encadrer et la contrôler », s’insurge Noémie Levain.

En 2022, la Quadrature a déposé une plainte devant la Cnil à ce sujet. (...)

… Des méthodes qui interrogent

Des méthodes qui interrogent les habitants mobilisés autour des vendeuses. « C’est complètement disproportionné », hallucine Lucien, un habitant du quartier. Ce dernier raconte d’ailleurs une opération policière qui l’a fortement marqué. Au début du mois de septembre, des policiers en voiture et en véhicule motorisé sont intervenus pour les interpeller, assure-t-il. Lucien table sur le fait que ces agents, pour certains en civils, faisaient partie de la Brav-M et de la Bac (brigade anti-criminalité).

Sur les affiches placardées dans le quartier pour informer de leur manifestation du 12 octobre, les vendeuses retracent cette journée du 2 septembre noir sur blanc. (...)

« On fait seulement ça pour se dépanner un peu » (...)

Dans le quartier, des habitant.es solidaires (...)

La mairie du 19ᵉ évoque la lutte « contre le commerce illégal »

Avant le rassemblement, les habitant.es mobilisé.es constatent que leurs affiches sont retirées avec zèle. Mais les habitant.es et les vendeuses comptent sur la bienveillance qu’elles inspirent pour rassembler du monde. « Nous sommes le quartier », écrivent d’ailleurs les vendeuses pour rappeler qu’elles font partie de « l’âme de la Place fêtes ».

Contactée par le Bondy blog, la mairie du 19ᵉ arrondissement « dément un quelconque harcèlement » et affirme que « les forces de police qui y interviennent le font simplement pour faire respecter le droit ». La mairie met en avant une mission « de prévention classique contre le commerce illégal et potentiellement dangereux sur le plan sanitaire ». Elle conclut en expliquant avoir « découvert qu’une manifestation était annoncée demain suite à des doléances envoyées par les habitant.es sur un affichage sauvage qui a été fait dans le quartier ».