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Mediapart
Dans les arrière-cuisines d’Alain Soral : des bataillons de négationnistes et le directeur de cabinet de Bardella
#RN #extremedroite
Article mis en ligne le 17 décembre 2025
dernière modification le 15 décembre 2025

Mediapart a pu consulter des documents internes du mouvement d’extrême droite Égalité & Réconciliation. Parmi ces éléments : la liste des membres passés par les rangs de l’organisation de l’idéologue antisémite. Elle fait notamment apparaître le bras droit de l’actuel président du Rassemblement national ainsi qu’un député.

lsIls ont beau n’avoir que la trentaine et vouloir lisser l’image d’un parti d’extrême droite qui prétend s’être débarrassé de son embarrassant passé, les représentants de la nouvelle génération du Rassemblement national (RN) n’en finissent pas d’être rattrapés par leurs accointances extrémistes.

Mediapart a eu connaissance d’une fuite de documents issus d’Égalité & Réconciliation (E&R), qui met en évidence des liens nouveaux entre des cadres du RN et l’organisation d’Alain Soral, militant raciste et négationniste multicondamné.

Le vernis de « respectabilité » du parti de Marine Le Pen craque donc une nouvelle fois, quelques semaines après la polémique née du dîner du maire de Fréjus (Var), David Rachline, avec un militant néonazi et ancien chef du Groupe union défense (GUD), Frédéric Chatillon ; et quelques jours après les révélations portant sur la présence du même Chatillon dans les campagnes électorales de Jordan Bardella.

Parmi les données internes que Mediapart a consultées figure la liste des membres passés par les rangs du mouvement E&R, qui revendiquait 13 000 adhérents à son pic d’activités autour des années 2010, et n’en comporte aujourd’hui que quelques centaines. Cette liste fait notamment apparaître le nom d’un certain François Paradol. Ce dernier n’est autre que le directeur de cabinet de Jordan Bardella à la tête du parti. (...)

D’après La Tribune, François Paradol a notamment été chargé de structurer la stratégie de son patron sur les réseaux sociaux, assurant « le lien » avec la société e-Politic, agence de communication dirigée par Paul-Alexandre Martin – qui était numéro 2 du FNJ quand Paradol et Bardella y militaient, et dont Mediapart a récemment révélé les amitiés néofascistes. Le directeur de cabinet a lui-même travaillé pour e-Politic avant d’intégrer les équipes du RN, comme l’a raconté Politico.

Sollicité sur sa présence dans les listings de membres de l’organisation d’Alain Soral, François Paradol parle d’un engagement datant de « près de quinze ans ». À une époque où – « vous le rappellerez si votre article est honnête » – Égalité & Réconciliation « appelait à rejoindre le Front national et à soutenir Marine Le Pen », contextualise le directeur de cabinet de Jordan Bardella auprès de Mediapart.
Alain Soral, « le trublion du FN »

En effet, si Marine Le Pen ne dit plus mot de cette proximité, elle a entretenu par le passé les meilleures relations avec Alain Soral, avec qui elle a été filmée en train de chanter pendant un karaoké en 2006. Actif dans la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen en 2007, Alain Soral a aussi siégé pendant deux ans au comité central du Front national (FN), entre 2007 et 2009.

En 2008, il participe avec d’autres militants d’E&R à une opération de tractage de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). (...)

Régulièrement invité à la télévision au début des années 2000, notamment sur les plateaux de Frédéric Taddeï sur France 3, Alain Soral – qui se présente alors comme un « transfuge » du Parti communiste français (PCF) et un essayiste « érudit » – développe une obsession des homosexuels, des femmes et des juifs. (...)

L’année suivante, dans un épisode de « Complément d’enquête » diffusé le 20 septembre 2004, Alain Soral déclare : « Ça fait quand même deux mille cinq cents ans que, chaque fois qu’ils [les juifs] mettent les pieds quelque part, ils se font dérouiller. Il faut se dire c’est bizarre… » Ce qui lui vaut d’être reconnu coupable en 2007 de diffamation raciale et incitation à la haine raciale.

En 2009, tandis qu’il monte une liste « antisioniste » aux européennes avec Dieudonné, qui vient de mettre à l’honneur le négationniste Robert Faurisson dans un de ses spectacles, Alain Soral prend la défense de Bruno Gollnisch (toujours membre du conseil national du RN à ce jour) en affirmant que « le débat » (sic) sur les « chambres à gaz » devrait « être libre ».

Deux ans plus tard, le patron d’E&R apparaît encore dans le giron du FN alors qu’il se rend une nouvelle fois en Syrie avec ses partenaires de la « GUD connection » pour soutenir le régime de Bachar al-Assad face au début de révolution. (...)

Dans sa réponse à Mediapart, François Paradol explique qu’il n’a « bien évidemment plus aucun contact » depuis le début des années 2010 avec E&R, dont il évoque l’« hostilité » à l’égard du RN et les prétendues « dérives » du mouvement soralien.

Mais qu’est-ce qui a changé entre 2010 et 2025 ? En dehors de sa brouille personnelle avec Marine Le Pen – que cette dernière mettra sur le compte d’ambitions personnelles « déçues » –, Alain Soral n’a pas dévié de sa ligne durant toutes ces années. En 2008, il avait d’ailleurs déjà été condamné pour incitation à la haine raciale pour ses propos tenus en 2004, sans que cela n’émeuve quiconque au FN.
Un député RN dans le lot

Un autre cadre du RN apparaît dans les listes soraliennes : l’actuel député du Var Frédéric Boccaletti – qui siège également au conseil national du mouvement – revendique lui aussi un engagement ancien. Cet admirateur de Charles Maurras, qui avait ouvert une librairie en rachetant des stocks d’ouvrages racistes, antisémites et néonazis – dans lequel il assure avoir « fait le tri » – déclare qu’il n’a « aucun lien avec M. Soral ou son association depuis son départ du FN, en 2009 ».

Les documents d’E&R mentionnent aussi le nom Louis-Joseph Gannat, autre militant lié à la « GUD connection ». (...)