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De Bolloré à Kretinsky, l’influence hors-norme des grands capitalistes français
#medias #multinationales #France #capitalisme
Article mis en ligne le 26 novembre 2023
dernière modification le 24 novembre 2023

En quête de notoriété, d’avantages et d’influence, les grands capitalistes français investissent dans les médias, la culture et le mécénat. Et en tirent bénéfice.

On pourrait les appeler « la bande des huit ». Ce sont des capitaines d’industrie, propriétaires de leurs groupes : Arnault, Bolloré, Bouygues, Dassault, Drahi, Kretinsky, Niel, Saadé, auxquels il convient d’ajouter le cas particulier du Crédit mutuel...

Ces grands capitalistes représentent une spécificité française, celle de posséder des médias, alors que le centre de leurs intérêts est ailleurs : dans le luxe, le bâtiment, l’armement et l’aéronautique, les télécoms, le transport ou la banque.

Ces groupes pèsent lourd : près de la moitié des chaînes de la TNT sont la propriété de TF1 (LCI), Altice Médias (BFM) ou Canal + (CNews). Dans la presse quotidienne nationale, Les Echos et Le Parisien-Aujourd’hui en France sont dans les mains de LVMH, tandis que Le Figaro est dans celles de Dassault. Et même si Le Monde et Libération sont désormais détenus par des fonds réputés indépendants, le cordon ombilical avec Xavier Niel et Altice, contrôlé par Patrick Drahi, n’est pas rompu.

Le deuxième groupe de presse périodique (Elle, Marianne…) est la propriété de Daniel Kretinsky (CMI). Une grande partie de la presse quotidienne régionale (Le Progrès, L’Est ­républicain…) appartient au Crédit mutuel, et Rodolphe Saadé (CMA CGM) a acquis récemment La Provence et La Tribune.

Des intérêts industriels et commerciaux s’entremêlent donc en France avec l’information, qui est le carburant de la démocratie et de l’économie. Partout ailleurs, excepté en Italie, les médias sont le fait de groupes spécialisés, quelquefois très puissants, mais concentrés sur les métiers de la communication et de l’information. (...)

Les Rastignac des affaires, nouveaux entrants dans le capitalisme – Xavier Niel, Patrick Drahi, Daniel Kretinsky, Rodolphe Saadé – ont ainsi pu se faire un nom et une notoriété en plaçant des journaux sur leurs cartes de visite, et en tirer un avantage. (...)

Une capacité d’influence hors-norme

La commission d’enquête sénatoriale note dans son rapport :

« La concentration entre les mains de quelques-uns de l’ensemble des leviers de fabrication et de diffusion de l’information et de la culture leur offre en effet une capacité d’influence inégalée. »

Mais le capitalisme d’influence n’est pas que médiatique, loin de là. L’investissement dans le mécénat et la culture peut s’avérer bien plus productif. (...)

Un dirigeant de LVMH l’avoue :
« Nous sommes si gros, si puissants que nous n’avons même plus besoin de faire du lobbying, ça se fait tout seul » (Le Monde, 8 août 2023). (...)

L’influence, valeur immatérielle, n’a pas de prix, mais un coût.