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Démantèlement de camps à Paris : les violences policières se déroulent souvent "la nuit, loin des caméras"
#migrants #Paris #violencespolicieres
Article mis en ligne le 29 mars 2024
dernière modification le 27 mars 2024

Ce n’est pas la première fois que les migrants des campements informels dénoncent des réveils brutaux et des démantèlements abrupts de la part des autorités françaises. Cette fois encore, à Paris, le 24 mars, un jeune Afghan a pu en filmer un exemple. Selon le collectif Accès au droit qui a diffusé les images, des policiers ont réveillé des exilés qui dormaient sous un pont vers le quartier Jaurès dans le nord de Paris, en braquant sur eux des lampes torche clignotantes.

"Ces jeunes Afghans dormaient à Jaurès, sur les quais de Seine. Ils ont été réveillés par des policiers à la lampe torche. Il était entre 2h30 et 3h", explique Fanny, membre du collectif Accès au droit, contactée par InfoMigrants. "Quand les jeunes ont protesté et posé des questions, ils ont été gazés puis violentés. Ils ont dit qu’ils n’avaient nulle part où aller. Dans un geste de ras-le-bol, un jeune a même mis le feu à sa tente. Toutes ses affaires avaient été gazées, il n’en pouvait plus".

Sur la vidéo, on y entend aussi les forces de l’ordre crier : "Réveil ! Réveil !" (...)

Dans un rapport publié en novembre 2023, le collectif inter-associatifs Accès au droit documentait déjà la récurrence des violences verbales et physiques commises à l’encontre des migrants lors des démantèlements. (...)

Comme le montre cette vidéo amateur, ces violences se déroulent généralement de nuit. Elles restent "très largement sous-documentées", estime Oriane Sebillotte, doctorante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui travaille sur les questions migratoires (...)

Certains ne parlent pas de ce qu’ils ont subi par peur de représailles, d’autres n’ont pas le temps de filmer, d’apporter une preuve de ce qu’ils racontent". (...)

Y en a-t-il plus qu’avant ? "Peut-être. Ce qui est sûr, c’est qu’on en rate une partie. Je ne pense pas qu’on puisse parler d’explosion de violences policières, en revanche, les associations essaient de les faire signaler plus systématiquement. Ce que l’on sait, c’est que depuis huit ans, il y a toujours eu des violences, ce n’est pas une nouveauté".

Certains migrants tiennent à nuancer cette réalité à InfoMigrants. "Les policiers ? Ils viennent de temps en temps", expliquait cet hiver Chérif, un jeune Guinéen de 16 ans qui dormait sous un pont dans un campement d’environ 150 personnes, non loin d’Austerlitz. "Ils regardent s’il n’y a pas de problèmes, mais ils ne sont jamais violents, ils ne nous disent pas de partir. On a traversé des pays où c’est bien pire… Au Maroc, en Tunisie, les policiers nous tabassent parce qu’on est Noirs".

"Pas de mauvaise pub avant les JO"

"Oui, je ne pense pas que les violences soient institutionnalisées, elles sont plutôt le fait de petits groupes de policiers qui agissent à un instant T", complète Oriane Sebillot. "Il y a sûrement une volonté de se cacher à l’approche des Jeux olympiques", avance encore Oriane Sebillotte. "Sans doute, la police ne souhaite pas s’attirer de mauvaise pub, comme ce qu’il s’était passé en 2020, place de la République". (...)

la majorité restent des violences "indirectes", précise la chercheuse de l’EHESS. "C’est-à-dire, des violences qui touchent aux besoins physiologiques des migrants : on va gazer leurs affaires, les empêcher de dormir en braquant des lampes torches sur leurs visages. On va mettre de l’huile sur le sol pour empêcher les réinstallations de tentes...", développe Oriane Sebillot. "Il n’y a pas qu’une forme de violences, mais un panel de violences".