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Des exilés syriens traquent les tortionnaires d’Assad dans un thriller captivant présenté à Cannes
#exiles #migrants #immigration #cinema
Article mis en ligne le 23 mai 2024
dernière modification le 21 mai 2024

Film d’ouverture de la Semaine de la critique, "Les Fantômes" suit un exilé syrien à la recherche de l’homme qui l’a torturé pendant la guerre civile. France 24 s’est entretenu avec son réalisateur, le Français Jonathan Millet, qui signe un des premiers longs métrages marquants de la quinzaine cannoise.

Loin des célébrations des titans hollywoodiens, la découverte de nouveaux talents constitue, pour de nombreux cinéphiles, le réel plaisir du Festival de Cannes. Autre attrait des sélections cannoises : la capacité du cinéma à plonger dans l’actualité, à sonder les plaies encore ouvertes de guerres évincées dans les médias par d’autres conflits plus récents.

"Les Fantômes" ("Ghost Trail"), le premier long métrage de fiction du réalisateur Jonathan Millet, répond à ces deux attentes. Inspiré de faits réels, il suit les efforts d’un exilé syrien pour retrouver l’homme qui l’a torturé, lui et d’innombrables autres, dans la tristement célèbre prison syrienne de Saidnaya, surnommée par les militants "l’abattoir humain".

L’acteur franco-tunisien Adam Bessa livre une performance remarquable dans le rôle de Hamid, un ancien professeur endeuillé d’Alep, rongé par le chagrin d’avoir perdu sa femme et sa fille. (...)

Loin des célébrations des titans hollywoodiens, la découverte de nouveaux talents constitue, pour de nombreux cinéphiles, le réel plaisir du Festival de Cannes. Autre attrait des sélections cannoises : la capacité du cinéma à plonger dans l’actualité, à sonder les plaies encore ouvertes de guerres évincées dans les médias par d’autres conflits plus récents.

"Les Fantômes" ("Ghost Trail"), le premier long métrage de fiction du réalisateur Jonathan Millet, répond à ces deux attentes. Inspiré de faits réels, il suit les efforts d’un exilé syrien pour retrouver l’homme qui l’a torturé, lui et d’innombrables autres, dans la tristement célèbre prison syrienne de Saidnaya, surnommée par les militants "l’abattoir humain".

L’acteur franco-tunisien Adam Bessa livre une performance remarquable dans le rôle de Hamid, un ancien professeur endeuillé d’Alep, rongé par le chagrin d’avoir perdu sa femme et sa fille. (...)

Alors que la guerre s’éternise et que Bachar al-Assad s’accroche au pouvoir, laissant penser que la justice pourrait ne jamais être rendue, Hamid est confronté à une décision déchirante : doit-il se faire justice lui-même ?

Plus qu’un thriller captivant, "Les Fantômes" est aussi une étude de caractères passionnante et sensible, qui aborde de manière experte les thèmes de l’exil et du traumatisme, que Jonathan Millet a déjà exploités dans de précédents documentaires. Le réalisateur s’est entretenu avec France 24 sur le fait d’aborder des sujets aussi lourds sur grand écran et sur son choix de s’orienter vers le cinéma de genre. (...)

La fiction m’a semblé être le meilleur moyen de transmettre la force de leurs histoires, de donner corps à ce qu’ils ont vécu en prison. Ils étaient dans l’obscurité totale et ne pouvaient se fier qu’à leur toucher et à leur odorat. Ils se sont souvenus de la manière dont ils percevaient les choses, en enregistrant les pas de leurs gardiens et tout le reste. Il fallait un type spécifique de plans, de sons et de montage pour essayer de transmettre cette expérience sensorielle. Mon objectif était de raconter leur histoire d’un point de vue très subjectif, en offrant un angle différent de celui, par exemple, d’un journaliste rédigeant un article très documenté.

(...)

Depuis le début, mes films racontent des histoires d’exil, de camps de détention, de routes migratoires et d’arrivées dans un pays étranger. Mon but a toujours été de raconter des histoires individuelles, d’aller au-delà des chiffres abstraits, de montrer comment chaque histoire d’exil est unique. L’un des objectifs de ce film est de montrer que chaque exilé porte un passé singulier, un bagage spécifique de traumatismes, de déracinement, de choses et de personnes laissées derrière lui. De même, j’ai essayé de montrer comment ces exilés ont chacun leur propre façon d’aborder la vie dans leur nouveau pays.

(...)

Trouver les acteurs n’a pas été simple. Ce sont des rôles compliqués car il s’agit d’une histoire d’espionnage et de mensonges. Les comédiens devaient dissimuler les motivations des personnages, tout en laissant poindre ce qu’ils ressentent vraiment pour accrocher le spectateur.

Adam [Bessa] a passé plusieurs nuits à écouter des témoignages sur les tortures infligées aux prisonniers afin de ressentir l’horreur et de trouver les moyens de la transmettre. Nous avons beaucoup travaillé sur ses gestes, sur la manière de transmettre l’héritage inconscient de la prison et, bien sûr, sur l’accent syrien, avec des coachs, pour qu’il soit le plus précis possible.

Tawfeek [Barhom], quant à lui, devait apprendre le français et le rendre suffisamment crédible pour donner l’idée d’un homme qui a rompu les liens avec son pays d’origine et voulant s’assimiler à la société française. Et il s’en sort admirablement.