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Être journaliste à Gaza : “On a eu des collègues tués, enlevés, mais sur le point de mourir de faim, jamais”
#israel #palestine #Hamas #Ci#fsjordanie #Gaza #journalistes #AFP #famine
Article mis en ligne le 23 juillet 2025
dernière modification le 22 juillet 2025

La Société des journalistes de l’Agence France Presse a lancé un cri de détresse. Ses collaborateurs locaux à Gaza sont menacés par la famine. Emmanuel Duparcq, président de l’instance, appelle à leur évacuation.

Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir. » La Société des journalistes de l’Agence France Presse (AFP) a lancé hier, lundi 21 juillet, un cri d’alarme sur le sort de ses collaborateurs locaux à Gaza. Dix personnes qui, depuis des mois, mettent quotidiennement leur vie en péril pour continuer à raconter les conditions de vie à l’intérieur de l’enclave bombardée par Israël. Et qui sont à bout de forces. Ce communiqué, écrit par une douzaine de reporters de l’agence de presse, a été relayé par des médias du monde entier. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, en déplacement en Ukraine, s’est engagé ce mardi 22 juillet à leur venir en aide. Il a également appelé à un « cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désormais désarmé, et à l’accès sans aucune entrave de l’aide humanitaire à Gaza ». Emmanuel Duparcq, président de la SDJ de l’Agence France Presse, qui réunit quelque quatre cents journalistes sur deux mille en poste dans le monde, fait le point sur la situation.

La situation des correspondants locaux de l’AFP à Gaza est critique, écrivez-vous. Et inédite ?
En quatre-vingts ans d’existence de l’AFP, on n’a jamais vu ça. On a eu des collègues tués, blessés, enlevés, mais sur le point de mourir de faim, ça n’est jamais arrivé. Nous lançons un cri d’indignation. D’habitude, les journalistes restent sur leur réserve, en arrière-plan, mais aujourd’hui, à Gaza, les gens ne meurent pas uniquement à cause des bombes, mais parce que dans ce territoire fermé, l’eau est croupie et la nourriture manque. Les journalistes en sont victimes comme les Gazaoui (...)

Témoigner et faire témoigner les survivants est pour eux une façon de tenir. Mais les derniers messages que nous avons reçus d’eux sont déchirants. Leur courage ne suffit plus. Bashar, qui collabore avec l’AFP depuis 2010, nous a écrit sur Facebook le 19 juillet qu’il n’avait plus la force physique de se lever… La maison où il vit avec ce qu’il reste de sa famille est en ruine. Les traumatismes de la guerre — les deuils, les souffrances, le dénuement — s’additionnent les uns aux autres. Et maintenant, c’est la faim qui les menace ! (...)

Les quelques denrées qu’il reste sont devenues hors de prix. Il n’y a plus de système bancaire à Gaza et le peu d’argent qui circule fait l’objet d’énormes commissions. Il n’y a pas plus d’essence, plus de véhicules, les gens se déplacent à dos d’âne. Ils sont ballottés d’un camp de réfugiés à un autre au gré des bombardements et vivent en continu dans la poussière. Sans possibilité de se ravitailler, ils sont condamnés. Ahlam, notre rédactrice qui survit dans le sud de l’enclave, tient encore sur ses jambes, mais elle confirme que l’eau potable et la nourriture manquent cruellement. Il faut les sortir de là. Ce sont des gens jeunes et leurs forces les quittent. Savoir qu’à tout moment nous pouvons apprendre la mort de l’un ou de l’autre nous est insupportable. (...)

Quels retours avez-vous à la suite de votre alerte ?
L’ampleur est énorme. Des journalistes du monde entier nous ont relayés. Ils ont eux aussi travaillé avec ces journalistes gazaouis et bien souvent les connaissent. Jean-Noël Barrot semble avoir pris la mesure de la situation et s’est engagé à faire sortir nos collaborateurs de Gaza dans les prochaines semaines… C’est peut-être optimiste quand on sait à quel point le territoire est verrouillé, mais nous avons envie de le prendre au mot.

Qui restera-t-il ensuite à Gaza pour témoigner ?

La présence de journalistes professionnels sur place est un enjeu, mais nous ne pouvons pas demander aux gens de se sacrifier. Dans les zones où la présence de la presse n’est plus autorisée et où les conditions de sécurité deviennent extrêmes, nous travaillons en direct avec les populations. Nous utilisons ce que les gens filment comme ils le peuvent. Près de deux cents journalistes et professionnels de la presse ont déjà payé de leur vie ce conflit.

Amnesty International
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