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Les eaux glacees du calcul egoiste
désastre qui affecte toute la politique de l’eau française : Scandale à l’Onema : un témoin parle
Article mis en ligne le 14 février 2013
dernière modification le 11 février 2013

L’ayant vécu de l’intérieur, un témoin privilégié du désastre qui affecte toute la politique de l’eau française, révèle pour la première fois les pressions exercées par l’Elysée sous la présidence Sarkozy, le gigantesque dérapage du Forum mondial de l’eau à Marseille, et confirme l’emprise de Veolia et Suez sur tous les instruments de la gestion de l’eau en France. Révélations.

« L’Onema avait deux missions principales assignées à sa création :

 Sauver le Conseil supérieur de la pêche (CSP) dont le financement via les cartes de pèche n’était plus assuré ;

 Servir de bras armé à la direction de l’eau (DE) du ministère de l’écologie et rééquilibrer les relations avec les agences de l’eau, trop autonomes, trop puissantes financièrement par rapport au ministère. (...)

Impossibilité de suivre les dépenses, de vérifier efficacement les factures et de refuser les bons de commande irréguliers sur les projets sensibles. La direction refusant de mettre un terme au système, celui-ci s’est emballé. Jusqu’au moment où même les décisions modificatives ne permettaient plus de dissimuler ces errements. L’édifice a craqué.

Malheureusement, l’après 2010 démontre que la direction, contrairement à ce qu’elle a annoncé, n’a mis en œuvre aucune des préconisations proposées par la direction financière et le service des marchés. Pire, les rares procédures existantes, celles ayant justement permis de déceler les fraudes, ont purement et simplement été supprimées.

Et les boucs émissaires ont été désignés : gestion vieillissante de l’ancienne direction financière et incompétence du service marchés. (...)

Véritable malédiction pour l’établissement, le choix de Marseille pour héberger le 6ème forum mondial a contribué à accélérer les dérives. Mal préparé, ce forum devait servir à la fois de vitrine à la gestion de l’eau à la française portée par les grands groupes privés et de tribune politique mondiale à Nicolas Sarkozy juste avant les présidentielles, dans une ville peu réputée pour ses compétences organisationnelles et son respect des procédures.


Le pilotage politique du dossier par le directeur de cabinet de l’Élysée
, ancien préfet de la région PACA, a complexifié l’organisation. (...)

Les projets pouvant être mis en avant lors du forum étaient poussés, les contraintes financières sur certains projets comme le SISPEA ont disparu miraculeusement, un échec sur ces projets vitrines se serait traduit par une sanction directe du DG. Avec la couverture politique venant de l’Élysée, rien ne semblait impossible, on rectifierait après avec ces appuis puissants. Le changement politique a fait perdre ces appuis laissant l’équipe de direction seule face à ses responsabilités. (...)

Le petit monde de l’eau à la française crée une perméabilité certaine entre les entreprises et la haute fonction publique représentée par les grands corps. Les influences sont souvent insidieuses car il y a grande consanguinité entre personnes passant du public au privé, et ayant fait les mêmes grandes écoles, Polytechnique et ses écoles d’application pour les plus hauts responsables des deux bords.

Le lobbying efficace des entreprises fonctionne d’autant mieux sur une structure fragilisée et lorsque des intérêts communs sont en jeu (...)

Au final la mise en place de l’Onema s’apparente à un énorme gâchis. Alors que son utilité est évidente pour mutualiser les actions des agences de l’eau à l’échelle nationale, pour structurer les outils de connaissance et pour permettre le développement de la recherche-développement publique, l’établissement n’a jamais été en mesure de fixer un cap clair au-delà du pilotage de court terme pour répondre aux pressions économiques générales, réduire les dépenses, et politiques, valoriser l’action de Nicolas Sarkozy en particulier lors du forum. Les moyens pour arriver aux résultats ont été jugés secondaires, il fallait des résultats et une fois l’engrenage lancé, impossible d’arrêter la machine car il n’existait pas de contre-pouvoir. (...)