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CADTM/Bruno Jaffré Ecrivain, historien de la révolution du Burkina Faso (83 - 87), auteur d’une biographie du président Thomas Sankara et d’autres ouvages sur le Burkina
Dix journalistes enlevés, et disparus depuis, au Burkina
#BurkinaFaso #journalisme
Article mis en ligne le 5 mai 2025
dernière modification le 4 mai 2025

Après un rappel de l’histoire récente de la presse burkinabè, nous présentons ici ces dix journalistes. Une façon de leur redonner vie. Edwy Plenel a diffusé à travers les réseaux sociaux une vidéo pour demander la libération des journalistes enlevés. Je me permets de la publier ici, ne l’ayant pas vu sur Médiapart.

Une presse burkinabè longtemps riche et diversifiée, grâce au long combat du monde de la presse et de la société civile

La presse burkinabè s’est longtemps caractérisée par la passé par la qualité globale des médias. Le journaliste Norbert Zongo était il y a peu de temps, mis sur le même plan que le président Thomas Sankara, en tant que héros du Burkina Faso. Si le chef de la junte actuelle, Ibrahim Traoré se revendique de Thomas Sankara, dont il tente un certain mimétisme, Norbert Zongo, semble aujourd’hui oublié par les militaires et leur soutien.

Norbert Zongo est le premier journaliste à avoir fondé un hebdomadaire d’investigation sous le régime de Blaise Compaoré, qu’il faisait trembler en dénonçant les scandales du pouvoir. Il a été assassiné en 1998, par des militaires du RSP (régiment de sécurité présidentielle). Il enquêtait sur la mort, sous la torture, d’un employé de son frère François Compaoré qui l’avait livré aux hommes du RSP.

Cet assassinat a réveillé le peuple burkinabè qui a enchaîné pendant près de 2 ans, d’imposantes manifestations pour demander justice. Le procès n’a toujours pas eu lieu à ce jour, mais le pouvoir de Blaise Compaoré avait été contraint d’ouvrir des espaces de liberté, grâce à la puissance du mouvement populaire mais aussi par la nécessité de se vernir d’apparence démocratique pour apparaitre acceptable. Le monde la presse a toujours voulu rendre hommage au courage de Norbert Zongo. De nombreux médias, ont été créés, dans la foulée, dont certains d’excellentes qualités Jusqu’à une période récente, je m’insurgeais de voir que certains militants qui s’intéressaient au Burkina n’avaient pour référence que les médias français alors que la presse burkinabè jouait son rôle d’enquête et d’information.

Cette époque est révolue depuis l’accession au pouvoir d’Ibrahim Traoré qui n’eut de cesse de museler la presse. Celle-ci, unie dans ses organisations professionnelles, a longtemps résisté jusqu’aux enlèvements de plusieurs journalistes, dont, tout récemment, les leaders de l’association des journalistes burkinabè. Il existe encore deux médias d’investigation, mais ils savent qu’à la moindre enquête touchant les soutiens du pouvoir ils devront mettre la clé sous envoyés de force au front.

Triste bilan de presse dressé par le Conseil supérieur de la communication, dont le président est désormais désigné par Ibrahim Traoré, de l’état de la presse en 2024 : « 78 médias disparus en 2024, 16 radios, 3 télévisions et 59 médias en ligne ont cessé de fonctionner » (...)

Il me semble nécessaire de donner vie à ses journalistes enlevés en les présentant dans la mesure du possible. J’ai connu personnellement les deux premiers que je présente donc un peu plus longuement que les autres. Triste et particulièrement inquiet de ce qu’ils sont devenus, car la torture est réapparue au Burkina ! (...)

Edwy Plenel demande la libération des journalistes emprisonnés au Burkina
La Vidéo d’Edwy Plenel (...)

Nous sommes inquiets face à cette nuit lugubre qui recouvre d’oubli les journalistes du Burkina Faso. Ils n’ont commis aucun délit aucun crime. Ils ont simplement fait leur métier, rempli leur mission au service d’un droit fondamental le droit de savoir. J’ai une pensée particulière pour l’un d’entre eux, Serge Oulon, qui nous avait rendu visite à Médiapart dont nous partageons les mêmes idéaux professionnels, le devoir d’enquêter, le courage de révéler. Il est le directeur de l’Evènement, un journal respecté et connu pour ses révélations, notamment ses enquêtes sur la corruption. Sa devise l’information est un droit. C’est au nom de ce droit, de droit fondamental, de doit du peuple burkinabè que nous demandons, solennellement la libération de Serge Oulon et de tous les journalistes détenus au Burkina Faso. »