
Le très attendu rapport annuel américain sur les droits de l’homme pourrait comporter des passages controversés sur la Russie, le Salvador et Israël, affirme jeudi le Washington Post. La faute à Samuel Samson, le juvénile "conseiller senior" aux questions des droits humains de l’administration Trump. Catholique intégriste et partisan de l’entrisme, il semble prêt à tout pour décapiter les institutions libérales.
Le Salvador n’a aucun problème en matière de respect des droits de l’homme, les accusations de corruption contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n’existent plus et les minorités comme la communauté LGBTQ+ ne risquent rien en Russie... C’est du moins ce que soutient une jeune recrue du département d’État, Samuel Samson.
Ces affirmations, qui feraient bondir n’importe quel défenseur des droits humains, sont issues du très influent rapport nord-américain sur l’état des droits de l’homme dans le monde, dont le Washington Post a pu consulter une version de travail jeudi 7 août.
Bukele, Netanyahu et Poutine, amis des droits de l’homme ?
Ce document de plusieurs milliers de pages paraît tous les ans au printemps et ses conclusions sont "considérées comme les plus approfondies sur les questions de droits de l’homme", explique le Washington Post. Mais cette année, l’administration Trump n’en finit pas de repousser à plus tard sa publication.
En cause : des amendements substantiels apportés aux chapitres relatifs au Salvador, à Israël et à la Russie, assure le Washington Post. Les premières versions, rédigées à la fin de la présidence Biden, n’omettaient pas de critiquer les dirigeants de ces trois pays, régulièrement accusés de dérives autoritaires et même dictatoriales. (...)
L’administration Trump a fait savoir qu’elle avait entrepris de raccourcir cette bible des droits humains pour se concentrer "sur l’essentiel" et rendre sa lecture "plus digeste". Mais les passages coupés ou remaniés ne sont pas anodins. (...)
Des subalternes malléables et loyaux
Impossible de savoir si ces "évaluations" portant sur le respect des droits humains dans ces trois pays vont subsister dans la version finale. Mais, leur existence trahit la volonté de l’administration Trump de transformer en profondeur l’approche américaine de la promotion des droits de l’homme, note le Washington Post. (...)
Et c’est Samuel Samson qui est à la baguette. À première vue, il ne détonne pas dans le nouveau paysage politique américain, où de multiples jeunes recrues sans expérience préalable sont placés à des postes à responsabilités, tel que Thomas Fugate, le responsable de 22 ans du Bureau de la lutte contre la violence extrémiste.
Samuel Samson est, officiellement, conseiller senior au Bureau pour la démocratie, les droits de l’homme et pour le Travail du Département d’État. Or, ce vingtenaire qui a quitté les bancs de l’université d’Austin (Texas) en 2021 n’a aucune expérience en relations internationales… ou en droits de l’homme. Sa thèse portait sur le conservatisme aux États-Unis.
Sa nomination en janvier 2025 "est une preuve supplémentaire de la tendance de Donald Trump de privilégier le recrutement de jeunes aux idéaux bien ancrés à droite, qu’il nomme à des postes relativement importants en lieu et place de fonctionnaires expérimentés, afin d’avoir des petites mains qui ne représentent aucune menace à son pouvoir", résume Natasha Lindstaedt, spécialiste des régimes autoritaires à l’université d’Essex, au Royaume-Uni. (...)
Contrairement à d’autres jeunes pousses du trumpisme qui, une fois en place, ne font plus parler d’eux, Samuel Samson commence à faire de sérieuses vagues idéologiques. Avant ses retouches très politiques apportées au rapport sur les droits de l’homme, il avait rédigé un long texte sur le blog officiel du département d’État fin mai, qualifié de "provocateur" par de nombreux médias américains. Intitulé "De la nécessité d’avoir des alliés civilisés en Europe", ce texte accuse des alliés traditionnels des États-Unis, comme la France ou l’Allemagne, de mener une guerre "secrète" contre les "valeurs traditionnelles occidentales" et de malmener les vrais amis de "l’Occident chrétien" comme la Hongrie de Viktor Orban.
Samuel Samson a même avancé des solutions très concrètes pour voler au secours des "vrais" alliés de Washington en Europe. Ainsi, il aurait proposé fin juin d’utiliser les fonds du Bureau des droits de l’homme pour aider Marine Le Pen, la dirigeante du Rassemblement national français, à se défendre devant la justice, a affirmé le site Politico.
Un catholique intégriste et entriste
Si ce jeune "conseiller senior" s’active autant, c’est essentiellement parce qu’il appartient aux idéologues purs et (très) durs de la jeune garde de Donald Trump. (...)