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le Café Pédagogique
Education Nationale : Journée de mobilisation dans les Inspe
#educationNationale #enseignants #reformes #formation #INSPE
Article mis en ligne le 6 mai 2024

Aujourd’hui, lundi 6 mai, c’est journée morte dans les INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation). Formateurs et formatrices se mobilisent pour s’opposer à la réforme des concours de l’enseignement et de la formation des enseignant. À travers le pays, des motions sont adoptées et des actions organisées. À Paris, deux conférences avec le chercheur Xavier Pons et la chercheuse Anne-Anne Chartier éclaireront sur les enjeux de la formation des enseignant·es dès 11 heures. À Carcassonne, les personnels mobilisés ont rédigé cette tribune. Ils et elles partagent leurs inquiétudes avec les lecteurs et lectrices du Café pédagogique.

Nous, personnels de la Faculté d’Éducation du site de Carcassonne, dans l’Aude, réunis en collectif, souhaitons exprimer notre profond mécontentement et notre vive inquiétude suite aux annonces de réforme des concours de recrutement et de la formation des futurs professeurs des écoles de nos enfants. Cette réforme, mal préparée, se voudrait imposée par voie d’annonce médiatique, sans concertation des principaux intéressés, dans le plus grand mépris des étudiants qui en subiraient le calendrier intenable. Cette réforme devrait, en outre, s’appliquer comme par magie, dès la rentrée, pour un concours sorti du chapeau au printemps 2025. Nous refusons ce passage en force.

Cette formation des professeurs des écoles, nous la menons avec conviction et engagement au quotidien. Nous avons dans ce domaine une expertise sur laquelle nul n’a jugé utile de s’appuyer pour mener et appliquer une réforme dont nous ne connaissons ni les tenants, ni les aboutissants, ni même les contenus. Y a-t-il par hasard un texte écrit qui nous aurait échappé ? Autre chose que des propos tenus lors de la visite d’une école retransmise à la télévision ? Nul ne le sait.

Cette formation mystère, par ailleurs, nous ne pourrons plus bientôt la mener dans nos territoires, tant la réforme prévue en l’état menace la survie des établissements de formation des villes modestes, comme la nôtre, celle de Carcassonne. (...)

Toutefois, reconnaissons-le, cette réforme des concours de l’enseignement et, par extension de la formation des étudiants qui ont encore le courage et la volonté de croire en notre métier, a le mérite de revenir sur une précédente réforme, la dernière en date, à laquelle nombre d’enseignants, de formateurs et de professionnels de l’éducation étaient d’ailleurs opposés, tant dans les rectorats que dans les universités. De quelle façon analyse-t-on cet échec ? On ne l’analyse pas. On revient en arrière, on ne tire aucune leçon de nos erreurs, on continue, vite, à marche forcée, la communication n’attend pas.

Or, si nous ne nous opposons pas au déplacement du concours en fin de troisième année de licence, nous refusons catégoriquement le calendrier intenable qui contraindrait nos étudiants à mener au pas de charge une troisième année d’études au cours de laquelle ils auraient six mois à peine pour se préparer tant bien que mal à des épreuves dont les contenus ne sont toujours pas connus à ce jour et dont les exigences sont plus que floues. Nous manquons d’enseignants ? Qu’à cela ne tienne, recrutons-les plus tôt, appâtons-les d’une obole et le problème sera, comme par magie, résolu. Mais les lapins, nous insistons, ne sortent pas des chapeaux. (...)

Les jeunes enseignants ont besoin de se construire pour mener à bien la réussite et veiller à l’épanouissement des élèves dont ils ont la charge. Pour ce faire, ils ont tout autant besoin de l’expertise du terrain et de bonnes pratiques que de la réflexion sur leur action, rendue possible par l’accès à la recherche universitaire. Idée à laquelle les concepteurs de réformes feraient peut-être bien, eux aussi, de réfléchir.

L’École n’est pas le lieu du court terme ni celui des annonces médiatiques. Elle n’a pas à être utilisée ainsi. Il faut défendre l’École Publique. Il faut former correctement ses enseignants.

Pour cette raison, nous participerons, contre la réforme annoncée, à la journée de mobilisation des INSPE de France, le lundi 6 mai 2024.