 
	Ils taillent des haies, balayent les rues et nettoient les vitres. Dans le Land de Thuringe, à l’est de l’Allemagne (le pays est composé de 16 Etats fédérés appelés "Länder"), tous les résidents adultes en bonne santé du centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Saale-Orla sont tenus de travailler jusqu’à quatre heures par jour. Ils sont payés 80 centimes de l’heure, versés directement sur leur nouvelle carte de paiement.
Ce genre d’activités n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est la retenue sur les allocations : ceux qui refusent de travailler voient leurs prestations sociales réduite - jusqu’à 180 euros par mois en moins.
Saale-Orla est ainsi devenue la première circonscription en Allemagne à appliquer ce que l’on appelle la "Arbeitspflicht", que l’on peut traduire par "obligation de travail", même si, depuis les années 1990, les autorités ont déjà la possibilité d’exiger que les demandeurs d’asile travaillent.
(...) Des enquêtes menées par l’Institut allemand pour le marché du travail (IAB) ont montré que 70 % des réfugiés et des demandeurs d’asile souhaitent travailler.
Le gouvernement tente ainsi de faciliter l’accès au marché de l’emploi dans une démarche gagnant-gagnant : les demandeurs d’asile payent des impôts et contribuent à l’économie, tout en bénéficiant des avantages à occuper un emploi régulier.
D’après les ONG, cette intégration se heurte toutefois encore à la lourdeur des procédures administratives et à la difficulté de faire reconnaître des qualifications étrangères en Allemagne.
Hamado Dipama, porte-parole du Conseil bavarois pour les réfugiés, considère qu’il faut distinguer le programme de travail obligatoire et les efforts déployés par le gouvernement pour améliorer l’accès au marché du travail.
Originaire du Burkina Faso, Hamado Dipama a obtenu le statut de réfugié en Allemagne. Il estime que le travail obligatoire est discriminatoire.
Le récit raciste des réfugiés "réfractaires au travail"
"Autoriser les réfugiés à travailler est une évolution positive, mais je n’accepte pas le terme ’obligation’ parce qu’il suggère que les demandeurs d’asile ne travailleraient pas sans y être forcés", lance le Burkinabè.
Par ailleurs, note Hamado Dipama, ceux qui affirment que mettre des demandeurs d’asile au travail leur donnera une meilleure image auprès de l’opinion publique jouent avec l’atmosphère raciste qui règne dans le pays.
Un point de vue soutenu par Doreen Denstädt, ministre régionale de l’Intégration de Thuringe, qui rappelle que le même "récit erroné sur les réfugiés réfractaires au travail" est véhiculé par les groupes d’extrême-droite en Allemagne. (...)
