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La revue des medias (INA)
En Espagne, les médias ont revu leur traitement des catastrophes climatiques après les inondations dévastatrices de 2024
#Espagne #inondations #medias
Article mis en ligne le 2 novembre 2025
dernière modification le 29 octobre 2025

« Nous n’étions pas prêts à cela », se souvient Ivan Esteve Besalduch. « Cette couverture a été l’une des plus dures qu’on ait faite. Après les inondations, nous avons ouvert une cellule psychologique pour nos journalistes. » Un sentiment partagé par Alejandra Herranz Rivero, envoyée spéciale à Valence pour la télévision publique espagnole (RTVE) : « C’est l’événement qui m’a le plus bouleversée en tant que journaliste. »

Un an plus tard, le traumatisme ressurgit. Le 13 octobre 2025, les municipalités du littoral sud de Valence reçoivent une alerte rouge pluie-inondation. Mais cette fois, la population espagnole, comme les journalistes, sont mieux préparés. « Aujourd’hui, le phénomène des inondations est mieux compris et plus traité par les médias. Il y a eu un réel effort dans certaines rédactions », estime Mario Viciosa, responsable de la rubrique « Sciences » du pure player Newtral.

Meilleure prévention

En 2024, la Communauté valencienne n’envoie l’alerte qu’à 20 heures le 29 octobre, alors même que certains habitants sont déjà pris au piège dans leur véhicule. Les médias espagnols sont, eux aussi, pris de court. Pour ne pas revivre une telle catastrophe, la presse mise sur la prévention. « L’ensemble de la profession est mieux préparé sur le plan technique en ce qui concerne les alertes. Les personnes qui travaillent aux services de météorologie ont beaucoup aidé, elles ont formé certains journalistes sur ces phénomènes », explique Mario Viciosa. (...)

Depuis le drame, les journalistes sont plus renseignés sur l’alerte rouge pluie-inondation. (...)

De son côté, le public s’intéresse davantage au sujet. « Ces dernières années, les questions environnementales suscitent beaucoup plus d’intérêt en raison du processus de changement climatique qui touche notre planète. Mais cet intérêt s’accroît lorsqu’un événement catastrophique lié au comportement atmosphérique se produit, comme ce fut le cas à Valence en 2024 », analyse Jorge Olcina, professeur de géographie régionale à l’université d’Alicante. (...)

Travail de fact-checking

Mais Mario Viciosa nuance : « Il n’en reste pas moins vrai que le bruit politique détourne souvent l’attention de l’essentiel. » Après les inondations de 2024, les critiques sur la gestion du drame fusent. Certaines visent le gouvernement espagnol, de gauche, tandis que d’autres s’attaquent à la Communauté valencienne, dirigée par la droite. « Le sujet des conséquences du changement climatique a été effacé par le scandale politique. Deux points de vue se sont affrontés dans les médias, en fonction de leur idéologie politique », analyse Jorge Olcina. (...)

Dans une Espagne polarisée politiquement, la désinformation liée aux inondations se répand sur les réseaux, mais aussi dans certains médias. « Même si [ces fausses nouvelles] étaient majoritairement diffusées sur les réseaux sociaux, 28 % d’entre elles ont été propagées via les médias », explique Alberto Lopez Carrion, enseignant chercheur en communication à l’université de Valence.

C’est pourquoi, depuis lors, certaines rédactions espagnoles (RTVE, Newtral) ont intensifié leur fact-checking. (...)

Les journalistes interrogés évoquent aussi des sollicitations plus fréquentes de scientifiques et sur une gamme de spécialités plus étendue. « La nouveauté est que nous avons interrogé des experts avec des spécialisations très variées. Les inondations ont eu de multiples conséquences. Pour les analyser, nous avons fait appel à des experts en urbanisme, en santé publique, des climatologues… », raconte Noa De La Torre, du quotidien national El Mundo. « C’est une pratique qui a commencé dès la pandémie de Covid-19 et qui s’est intensifiée pendant les inondations de 2024 », ajoute Mario Viciosa.

Témoignages (...)

« Nous voulions donner une voix à ce drame », confie Noa De La Torre.

« Nous nous sommes rendus sur place pour parler directement aux victimes. Nous avons joué un rôle important car cet événement a marqué la population et nous voulions montrer à quel point le changement climatique a des effets concrets sur la population. »

Même approche chez El País, l’autre grand quotidien national. (...)