Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
En Géorgie, un grand danger plane sur la presse et les ONG
#Georgie #medias #ONG
Article mis en ligne le 21 mai 2024
dernière modification le 20 mai 2024

L’adoption de la loi « sur la transparence de l’influence étrangère » marque un tournant inquiétant pour la Géorgie. Des ONG et médias pourront être désormais classés « agents de l’étranger ». Un danger pour la démocratie, alertent des journalistes.

Dans les rues de Tbilissi, la capitale de Géorgie, une marée de policiers en imperméables ou vestes noires, tous cagoulés ou masqués, capuches, casquettes et casques sur la tête, font face à une foule colorée, d’où l’on voit se détacher quelques drapeaux européens ou rouge et blanc, les couleurs nationales. L’atmosphère est tendue (...)

Cet événement est le point d’orgue de plusieurs semaines de manifestations d’une ampleur sans précédent en Géorgie. « Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés contre la loi à Tbilissi au cours du week-end, lors des plus grandes manifestations depuis la révolution des roses en 2003 », raconte EUobserver le 14 mai, jour de la promulgation de la loi « sur la transparence de l’influence étrangère ».
L’influence du milliardaire et politicien Bidzina Ivanshivili

Le texte, soutenu par Rêve géorgien, le parti à la tête du gouvernement, prévoit de considérer comme des organisations « poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » toute ONG ou média financé à plus de 20% par des subventions ou dons étrangers. EUobserver souligne que « cette loi est "très dangereuse pour les ambitions européennes de la Géorgie" ». Pourtant, selon les derniers sondages, près de huit Géorgiens sur dix souhaitent que leur pays rejoigne l’Europe. Le pays a d’ailleurs obtenu en décembre dernier le statut officiel de candidat à l’entrée dans l’UE. (...)

Un mois avant l’adoption du texte, déjà, Amnesty International alertait sur le projet de loi, indiquant qu’il « représente une menace directe pour les droits aux libertés d’association et d’expression ». Le directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale de l’organisation, Denis Krivosheev, a déclaré : « Cette dernière tentative en date du gouvernement géorgien de faire adopter une législation répressive, tout en réprimant les manifestations pacifiques contre celle-ci, doit cesser immédiatement. »
Menaces sur l’opposition

Début avril, le site d’investigation géorgien iFact révélait comment le parti au pouvoir a utilisé des fonctionnaires pour disséminer de la propagande en faveur de la loi sur les réseaux sociaux. (...)

« La loi controversée sur la transparence de l’influence étrangère a profondément divisé le pays lorsqu’elle a été examinée pour la première fois par le Parlement géorgien à la mi-avril », écrit le consortium international Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), qui dénonce les menaces reçues par les opposants au texte. « Aujourd’hui, ceux qui ont ouvertement critiqué le projet reçoivent des appels menaçants et trouvent sur les murs de leur quartier des affiches affichant leur visage et portant la mention "agent de l’étranger". » (...)

« Nous avons plus de 3000 ONG en Géorgie. Peut-être plus de 90 % d’entre elles reçoivent des dons de l’étranger. La Géorgie est un pays pauvre ; nous dépendons de nos partenaires et de nos donateurs », explique Nino Ramishvili, journaliste d’investigation pour Studio Monitor, cité par le Global investigative journalism network (GIJN). Parmi les principaux donateurs du média géorgien figure la National Endowment for Democracy, une organisation privée à but non lucratif basée aux États-Unis, note le GIJN. (...)