
En Italie, la communauté de Sant’Egidio emploie des migrants pour en soutenir d’autres dans leur parcours d’intégration. Comme ailleurs dans le monde, l’Eglise catholique est l’un des piliers de l’aide humanitaire en Italie.
"Comme on dit, tous les chemins mènent à Rome", s’amuse Hamza. Le Marocain de 29 ans, originaire de Casablanca, travaille aujourd’hui comme médiateur interculturel au sein de la communauté catholique italienne de Sant’Egidio. Hamza explique être arrivé en Italie depuis l’Ukraine, où il a fui l’invasion russe.
"J’étais étudiant en génie énergétique à Odessa et j’ai obtenu mon master. Lorsque les Russes ont commencé à bombarder les ports et ont ravagé de nombreuses régions, je savais que je ne pouvais pas rester là-bas en tant qu’étranger". (...)
"La seule chose que je savais sur Rome était le Colisée et la cuisine italienne", explique Hamza. "J’ai découvert que l’Italie est très agréable. C’est la Méditerranée. C’est comme chez moi, avec le même climat, la gentillesse des habitants et une atmosphère religieuse et spirituelle. Il y a un respect pour les différentes religions et c’est ce qu’il y a de plus important pour moi". (...)
Soutien social, culturel et linguistique
"Nous proposons des colis alimentaires, des vêtements, des conseils juridiques, une aide à la recherche d’emploi, une orientation culturelle et un soutien psychologique et éducatif afin d’aider les réfugiés et les migrants à vivre dignement en Italie", explique Cecilia Pani.
Elle coordonne notamment le programme de corridor humanitaire de Sant’Egidio, en particulier pour les réfugiés soudanais, érythréens, yéménites et d’autres personnes réfugiées en Éthiopie. (...)
Le centre Sant’Egidio est installé dans un ancien hôpital. On peut s’y inscrire à diverses activités, prendre une douche, se déconnecter dans un coin lecture mais aussi bénéficier d’un soutien psychosocial. Lorsque InfoMigrants a visité le centre, les fidèles musulmans pouvaient y rompre le jeûne pendant les mois de Ramadan.
Médiation interculturelle (...)
Parmi les réfugiés avec lesquels il travaille se trouvent notamment des Palestiniens de Gaza blessés pendant la guerre et venus en Italie pour des traitements médicaux. (...)
"Les nouveaux assistant sociaux sont des migrants"
"Certaines personnes qui cherchent de l’aide à Sant’Egidio ont vécu de graves traumatismes et sont incapables pour l’instant de parler de ce qu’elles ont vécu et de ce qui leur fait mal. Mais nous sommes là pour les aider", souligne Hamza.
"Les personnes qui ont elles-mêmes connu la migration peuvent mieux comprendre, apporter des idées et des solutions nouvelles aux nouveaux arrivants", observe Cecilia Pani.
Selon elle, l’Italie a désormais besoin de ces migrants devenus médiateurs interculturels pour travailler aux côtés des institutions publiques, comme les écoles, les hôpitaux et la police, à mesure que la démographie évolue en Europe.
"Les nouveaux assistants sociaux sont des migrants. Ils peuvent amener et diffuser un autre type de culture. Les institutions comprendront bientôt l’importance de ce que ces personnes peuvent apporter dans ce domaine." (...)
"Je travaille en tant que médiateur interculturel et assistant social depuis six ans. Mes idées et ma compréhension personnelles servent à aider les réfugiés venant d’Afghanistan, du Pakistan, d’Iran, de Grèce et de Chypre. Je travaille aussi directement sur les projets de corridors humanitaires de Sant’Egidio", explique Ali. (...)
Sant’Egidio, ainsi que la Fédération des églises évangéliques d’Italie, Caritas, la Tavola Valdese et la Conférence épiscopale italienne, ont signé un protocole d’accord avec le gouvernement italien en décembre 2015 pour identifier des réfugiés dans des pays étrangers susceptibles d’obtenir une protection en Italie. Les couloirs humanitaires pour faire venir ces personnes vers l’Italie sont financés par les associations.
Un voyage légal sans dangers
"Depuis février 2015, nous avons amené plus de 9 000 personnes en Europe ; environ 8 000 en Italie et quelque 1 500 en France et en Belgique. La plupart sont des réfugiés syriens qui vivaient au Liban, des Afghans qui vivaient au Pakistan et en Iran, des Érythréens, des Soudanais, des Sud-Soudanais et des Somaliens réfugiés en Éthiopie et d’autres nationalités, principalement des Africains de l’Ouest, se trouvant en Libye. D’autres étaient réfugiés à Chypre", explique Cecilia Pani.
Elle note l’importance de se rendre dans ces différents pays pour rencontrer et interroger les réfugiés, afin de les connaître et de les soutenir. Le travail de préparation les aide à réussir en Italie, dit Cecilia Pani. (...)