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En Ukraine, sur le front gelé par la guerre des drones
#guerreenUkraine
Article mis en ligne le 15 février 2025

De nos envoyés spéciaux à Kharkiv – À 35 km au nord de Kharkiv, face à l’armée russe, les soldats de la 127e brigade mènent une guerre électronique. En trois ans, les combats d’artillerie ont laissé place à une guerre des drones : surveillance des positions de l’ennemi, attaques de drones kamikazes. Conséquences : le front est gelé, les soldats s’enterrent dans des tranchées, les rotations ou les évacuations médicales sont très périlleuses. Reportage.

À 6 km des premières positions de l’armée russe, "Oskil" et ses hommes construisent une tranchée. Le boyau d’une quinzaine de mètres mène à un poste d’observation et de tir qui protège une route permettant d’approvisionner, un peu plus loin, les combattants en première ligne de la 127e brigade de la défense territoriale ukrainienne.

“Il y a 10 jours, cette tranchée n’existait pas. Nous avons commencé à deux, et maintenant nous sommes cinq. Nous faisons tout : creuser à la pelle, porter et poser les rondins de bois, collecter et sortir des sacs de terre. Ce n’est pas facile” explique "Burkun", mécanicien et conducteur d’engins qui ne souhaite s’identifier que par son nom de guerre, comme la plupart les soldats rencontrés. (...)

“Normalement on creuse les tranchées avec une pelleteuse, mais ici on ne peut pas, on les creuse à la main à cause des drones” ajoute-t-il. Sur ces positions tenues par l’armée ukrainienne depuis trois ans, les drones d’observation et d’attaque sont devenus le principal danger. (...)

“Les gars du bataillon nous appellent par radio quand ils les repèrent, pour nous dire de nous cacher. On continue alors à travailler dans la partie enterrée de la tranchée et ils nous font savoir par radio quand nous pouvons travailler dehors en toute sécurité. S’il fait beau, il vaut mieux ne pas sortir de la tranchée car on est facilement repérable”.
Guerre des tranchées et guerre high-tech

Pour ces soldats du génie militaire, la présence des drones renvoie la vie des soldats sur le front aux conditions des poilus de la Première Guerre mondiale. Pendant les 10 à 15 jours sur place, ils endurent le froid entre deux parois de terre noire et gelée, dorment dans un lieu de vie enterré et chauffé par un poêle à paraffine. Seul réconfort, se réfugier la nuit dans la cuisine d’une maison abandonnée où l’on peut faire du feu et boire du café (...)

“Au début, en 2022, les tirs d’artillerie étaient permanents. C’était tout simplement horrible. C’était une canonnade sans fin. Maintenant, il y a moins de tirs d’artillerie. La menace ce sont les drones”. (...)

“Au début, en 2022, les tirs d’artillerie étaient permanents. C’était tout simplement horrible. C’était une canonnade sans fin. Maintenant, il y a moins de tirs d’artillerie. La menace ce sont les drones”. (...)

Le recours aux drones, une nécessité pour survivre

Dans le poste de commandement du bataillon, en sous-sol d’une maison inhabitée, les murs sont couverts d’écrans. Interdiction de filmer ou de photographier. Avec un sourire, le lieutenant de 37 ans qui dirige les opérations affirme que l’un de ses pilotes de drone a abattu deux soldats russes au cours de notre conversation. (...)

Les drones, un cauchemar qui entrave les mouvements (...)

La plupart des blessures sérieuses que ce chirurgien âgé de 30 ans a eu à traiter ces derniers mois ont été causées par des drones kamikazes qui peuvent transporter jusqu’à un kilo et demi d’explosifs et voler à 60 km/h. (...)

La guerre des drones tue et mutile. De plus, elle isole les soldats qui se terrent dans leurs positions et s’exposent au moindre mouvement.

“La guerre a changé. Les soldats sont de moins en moins blessés par balles ou par des obus d’artillerie. Dès qu’il y a une rotation, elle est détectée depuis les airs par des drones, et les opérateurs de drones kamikazes entrent en action” poursuit le jeune chirurgien. (...)

La guerre des drones tue et mutile. De plus, elle isole les soldats qui se terrent dans leurs positions et s’exposent au moindre mouvement.

“La guerre a changé. Les soldats sont de moins en moins blessés par balles ou par des obus d’artillerie. Dès qu’il y a une rotation, elle est détectée depuis les airs par des drones, et les opérateurs de drones kamikazes entrent en action” poursuit le jeune chirurgien. (...)
Autre difficulté, l’évacuation des blessés. Leur prise en charge peut durer des heures pour que les secouristes ne soient pas, à leur tour, la cible des drones. Les médecins militaires assistent alors impuissants aux souffrances des soldats. (...)

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