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France24/AFP
Eswatini : l’accueil de "criminels" expulsés par les États-Unis agite le royaume
#USA #Trump #expulions #Eswatini
Article mis en ligne le 28 juillet 2025

Des "criminels" de diverses nationalités ont été expulsés mi-juillet par Washington vers le royaume d’Eswatini, au motif que leurs pays auraient refusé de les reprendre. Environ 150 femmes se sont rendues vendredi devant l’ambassade des États-Unis, située à Mbabane, pour demander que les prisonniers soient renvoyés aux États-Unis. Le pouvoir local ne donne aucune information sur la nature de l’accord signé avec Washington.

Le petit royaume d’Eswatini a beau être la dernière monarchie absolue d’Afrique et les décisions du roi peu susceptibles d’être contestées, le secret entourant l’accueil mi-juillet de cinq hommes présentés par Washington comme des "criminels en situation irrégulière" suscite une rare levée de boucliers.

De nationalités vietnamienne, laotienne, yéménite, cubaine et jamaïcaine, ils ont été expulsés par Washington au motif que leurs pays respectifs auraient refusé de les reprendre et ont été convoyés le 16 juillet par avion militaire vers Mbabane, la capitale de l’ex-Swaziland, où ils ont été incarcérés. (...)

Le gouvernement du royaume – enclavé entre le Mozambique et l’Afrique du Sud – a rapidement confirmé leur présence, expliquant par la voix de la porte-parole Thabile Mdluli que ces prisonniers n’avaient pas vocation à rester dans le royaume "de façon permanente" et qu’ils seraient "rapatriés en temps voulu dans leurs pays d’origine".

Mais de nombreuses questions restent en suspens et agitent le royaume.

D’autres expulsions sont-elles prévues ? Si oui, combien ? Quelle est la contrepartie pour l’Eswatini ? Qu’en est-il du respect des droits des cinq prisonniers étrangers ?

Ainsi, vendredi 25 juillet, quelque 150 femmes ont répondu à l’appel d’un groupement d’organisations de la société civile, le Mouvement pour les femmes d’Eswatini, et se sont rendues devant l’ambassade des États-Unis à Mbabane pour demander, via une pétition, que les prisonniers soient renvoyés aux États-Unis.

"Qui, au sein du gouvernement, a donné le feu vert pour accepter ces individus, et sur quelle base légale ?", ont questionné les pétitionnaires. (...)

Les cinq hommes sont détenus dans le centre correctionnel de Matsapha, à 30 km au sud de la capitale.

Cette prison fait l’objet de travaux de rénovation et d’extension depuis 2018, financés selon plusieurs sources gouvernementales par les États-Unis dans le cadre d’un programme englobant les 14 centres pénitentiaires du pays.

Plusieurs sources concordantes au sein de l’administration pénitentiaires ont indiqué à l’AFP que les cinq hommes étaient détenus dans le quartier rénové de haute sécurité. Là-même où deux députés pro-démocratie (Mduduzi Bacede Mabuza et Mthandeni Dube), qualifiés cette semaine de prisonniers d’opinion par Amnesty International, purgent de lourdes peines.

Chacun d’entre eux occupe seul une cellule, équipée d’une télévision, d’une douche et d’un toilette. Les parois des cellules rénovées sont transparentes, exposant tous les faits et gestes des détenus à la surveillance des gardiens.

Selon ces même sources, les cinq détenus ont demandé à pouvoir passer un appel téléphonique, une requête rejetée par l’administration pénitentiaire du royaume. Ils ont accès à un médecin et se voient distribuer les mêmes repas que les autres détenus, qui seraient un millier environ.

La peur de "criminels endurcis" dans le pays

Plusieurs députés se sont émus jeudi au Parlement du blackout entourant ce programme d’accueil. L’un d’eux, Marwick Khumalo, a enjoint le Premier ministre d’"informer l’Assemblée du contenu de l’accord avec les USA" et de préciser "quelle doit être ou quelle a été la contrepartie obtenue" par l’Eswatini.

D’autres se sont inquiétés de la présence de ces "criminels endurcis" dans le pays. (...)

À toutes ces questions, le Premier ministre Russell Dlamini a opposé une fin de non-recevoir : "toute décision ou tout accord n’a pas vocation à être partagé avec le public". (...)

L’Eswatini est le deuxième pays africain destinataire de ces expulsions : le 4 juillet, Washington avait déjà acheminé huit immigrés en situation irrégulière au Soudan du Sud, après y avoir été autorisé par la Cour suprême au terme d’une longue bataille judiciaire.

Le Soudan du Sud, pays pauvre en proie à un conflit, est régulièrement accusé d’atteintes aux droit humains.

En Eswatini, les partis politiques sont interdits et le roi Mswati III règne sans partage depuis presque 40 ans. Il nomme le Premier ministre, le cabinet, les juges, et les actes du Parlement au rôle consultatif n’ont force de loi qu’adoubés de son blanc-seing