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Street Press
’État abandonne les résidences universitaires
#etudiants #inégalités #précarité #servicespublics
Article mis en ligne le 27 septembre 2023
dernière modification le 26 septembre 2023

À peine un étudiant sur 17 obtient une place en Cité U. Et ceux qui décrochent une place doivent composer avec les fuites d’eau, les cafards et autres nuisibles. Enquête sur un service public en manque chronique de moyens.

Émy (1) débute sa deuxième année d’études de commerce à Paris. Cette jeune angevine s’est vu attribuer un studio dans une résidence universitaire du Nord-Est parisien. Elle a payé la réservation de ce dernier, son dépôt de garantie, son assurance ainsi que son premier loyer, un total de presque 1.000 euros. Mais le jour de sa rentrée, lorsqu’elle arrive au Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous), l’organisme public chargé de gérer les résidences étudiantes et les restaurants universitaires français, on lui dit qu’il n’y a plus de logement disponible et qu’elle doit attendre qu’une place se libère. Au téléphone, elle s’exclame dégoûtée :

« Je suis à la rue. Ce n’est pas normal que je paie des frais alors que je n’ai pas de logement. »

La jeune femme n’a pas eu d’autre choix que de loger chez une amie en attendant qu’un studio soit disponible à nouveau. Sa situation est commune à bien d’autres étudiants forcés de batailler pour trouver une place à moindre coût dans les hébergements universitaires. Ces soixante dernières années, le nombre de logements Crous a été multiplié par 2,3 alors que celui d’étudiants l’a été de 10,5 : on comptait environ 2,9 millions d’étudiants. pour environ 173.000 logements Crous disponibles à la rentrée 2022-2023. En clair, il y a un appart en cité U pour 17 étudiants en 2023, contre un pour trois et demis il y a soixante ans.

À ce manque de place s’ajoutent aussi les logements insalubres, l’augmentation des loyers, le développement du privé ou encore le manque de personnel. Syndicats et étudiants alertent depuis des années sur l’absence de volonté politique et de financements pour compenser ces besoins. (...)

Un rapport de la Cour des comptes d’octobre 2022 confirme : « Plus du tiers [du parc immobilier] est dans un état pas ou peu satisfaisant et dont 10 % de bâtiments recevant du public n’obtiennent pas l’agrément des commissions de sécurité. La performance énergétique d’ensemble est médiocre […]. » (...)

Les résidences les plus vétustes finissent par fermer, souvent après une forte médiatisation ou une lutte des syndicats et résidents. (...)

Manque de personnel et de moyens (...)

« Ils font aussi beaucoup appel à des contractuels, les fonctionnaires sont remplacés par des précaires », poursuit Virginie de la CGT. En 2022, ces derniers représentaient 22 % de la masse salariale. (...)

Un sous-financement de l’État (...)

Un sous-investissement qui se traduit également dans les contrats de plan avec les régions, où l’État a diminué entre 2015 et 2021 sa dotation de 1.097 million d’euros par rapport à la période précédente. (...)

Aujourd’hui, les résidences étudiantes privées dépassent le nombre de logements des Crous, souligne le rapport d’avril 2023 de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche. Selon Apolline Dumar de la Fage, il y a actuellement plus d’un tiers d’étudiants qui logent en résidences privées.

« Seulement les loyers des résidences privées sont beaucoup plus chers », remarque un militant de Solidaires étudiants de Lyon (69). (...)