
Nous sommes ingénieur·es, technicien·nes, chercheur·euses et nous avons décidé d’arrêter de robotiser, mécaniser, optimiser, informatiser, accélérer, déshumaniser le monde.
Et ça, c’est plus facile à dire qu’à faire ! Que fais-je, où vais-je, qui suis-je ? On s’est dit que c’était quand même plus sympa de se poser ces questions ensemble, dans une perspective collective et politique.
On a donc décidé de se regrouper entre déserteur·euse·s plus ou moins heureux·ses, pour en parler ensemble et pour apprendre et participer aux diverses manières de lutter, cultiver l’autonomie et les alternatives.
Pour mieux comprendre qui nous sommes, nos réflexions et notre démarche, tu peux commencer par lire notre manifeste et notre brochure Courage Fuyons !
Tu peux aussi venir nous rencontrer sur les événements auxquels on participe.
Si tu cherches à rencontrer des déserteur·euses près de chez toi, regarde par ici.
Il est facile de nous contacter, on est un peu partout en France, et on sera content·e·s de répondre à ton invitation, pour se rencontrer ou même pour participer à un événement que tu organises !
Manifeste :
Qui sommes-nous ?
Dans un contexte de destruction du vivant et des structures sociales par une élite technocratique concentrant pouvoir et richesses, nous, ingénieur·es, comprenons que par nos activités nous contribuons à l’aggravation des désastres environnementaux et sociaux en cours. De par notre position sociale, nous contribuons de plus à la perpétuation des systèmes de domination régissant nos sociétés.
Nous avons donc décidé de cesser de participer à cette mascarade. Nous désertons maintenant nos professions, nos études, nos positions, pour pouvoir nous organiser en dehors des systèmes qui nous ont façonné·es et en dehors de cet entre-soi.
Nous sommes engagé·es de multiples manières dans des luttes écologiques et sociales. C’est au croisement de ces spécificités, à la fois ingénieur·es et militant·es, que nous souhaitons agir.
Nous, Désert’heureuses, refusons de continuer à robotiser, mécaniser, optimiser, informatiser, accélérer, déshumaniser le monde.
Pourquoi déserter ?
Nous faisons le constat du nombre grandissant de personnes, y compris parmi nous, en perte de sens, en situation de malaise dans leur travail ou dans leurs études, pouvant parfois mener jusqu’au burn-out voire au suicide. Nous décidons alors de nous libérer du temps pour comprendre les raisons de ces malaises, de nous retrouver pour en analyser les racines.
Parce que nous avons déserté et rejoint les luttes et alternatives contre ces mêmes industries qui nous ont formé·es, nous avons pu entrevoir à quel point la fonction d’ingénieur est indispensable au fonctionnement du système capitaliste et extractiviste qui opère les ravages écologiques et entretient les inégalités sociales.
On nous apprend tout au long de nos études que les sciences et techniques sont neutres et apolitiques, et l’on y intègre les lois de l’organisation économique et technique de nos sociétés (...)
Jamais dans nos formations ou professions il ne nous a été proposé de questionner le bien-fondé de ces lois, et les outils d’analyse politique et sociale nous manquent cruellement pour pouvoir le faire (...)
Nous sommes les rouages d’un ensemble complexe de dominations (...)
Nous avons-été enfermé·es dans un entre-soi techniciste qui nous a permis de nous construire de solides remparts de déni. Et bien nous, Désert’heureuses, avons décidé de faire exploser ces remparts. (...)
Quelles désertions ?
Déserter pour nous signifie se donner les moyens de prendre du recul, se retrouver et partager nos expériences afin de ne plus être seul·es face aux incohérences de ce monde.
Déserter pour nous ne signifie pas seulement tout quitter individuellement : Les Désert’heureuses ont vocation à rendre cet acte collectif et politique. (...)
Nous voulons être une passerelle entre le “monde des ingénieurs” et celui des luttes et des lieux qui échappent à l’emprise du tout marchand où l’on cultive l’entre-aide, la solidarité, l’interdépendance et la débrouille. (...)
Des savoirs et compétences devront être abandonnés. D’autres nous permettront de comprendre ce à quoi nous voulons nous attaquer ou pourront être détournés et mis au service des luttes. (...)
Nous avons conscience de la relative facilité de déserter en fonction des situations de chacun·e. Cependant nous pensons aussi que nous sommes probablement les plus privilégié·es face à cet acte, et que les freins sont parfois plus psychologiques que matériels ou financiers.
Nous nous attacherons à faire tout cela en ayant conscience de nos appartenances raciales, de genre, ou de classe, des privilèges ou oppressions qui en résultent, et que nous pouvons entretenir. Par notre manière de nous organiser comme par nos actions, nous souhaitons lutter contre ces oppressions systémiques. (...)