
Créé pour aider les jeunes majeurs, français ou étrangers, de 18 ans à 21 ans, le "contrat jeune majeur" est une aide du département. Elle prolonge la prise en charge de ces jeunes "isolés et sans ressources" dont ils bénéficiaient mineurs. Mais depuis la loi Immigration, les jeunes étrangers sous OQTF ne peuvent plus en bénéficier.
"Le terme de ‘contrat’ est cependant abusif. Il n’y a rien de contractuel entre le département et le jeune. La véritable appellation de ce dispositif s’appelle l’APJM, ‘accueil provisoire jeunes majeurs’", rectifie Lyes Louffok, militant pour les droits de l’enfant et ex membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance. "L’APJM est donc une proposition obligatoire faite par le département au jeune de l’ASE qui devient majeur. Le jeune peut l’accepter ou la refuser, mais le département a l’obligation de la proposer".
Pour rappel, les mineurs étrangers en Europe sont protégés et inexpulsables au titre de la protection de l’enfance, mais une fois devenus majeurs, ils sont considérés comme sans-papiers.
Le "contrat jeune majeur" (ou APJM) offre donc aux jeunes étrangers un temps d’adaptation, un sursis avant de s’élancer dans leur vie d’adulte, pour s’intégrer, pour régulariser sa situation administrative. Surtout, s’il s’arrête en théorie à 21 ans, "rien n’empêche les départements de prolonger cet APJM jusqu’à 25 ans, par exemple. Ca c’est déjà vu", souligne Lyes Louffok. (...)
La loi Immigration interdit le contrat jeunes majeurs aux jeunes sous OQTF
Mais la loi Immigration, promulguée en 2024, est venue bousculer ce système. L’article 44 prévoit désormais d’exclure du "contrat jeune majeur" les jeunes adultes étrangers sous OQTF. "La loi est claire, les départements n’ont plus le droit de proposer l’APJM aux jeunes sous OQTF", résume Lyes Louffok, "mais rien ne les empêche de créer un dispositif équivalent, portant un autre nom, pour ne pas les priver de protection".
Il n’est pas rare que de nombreux jeunes étrangers reçoivent une OQTF "entre leurs 18 ans et 19 ans, le temps que la préfecture étudie leur dossier de régularisation".
L’article 44 peut donc faire "plonger ces jeunes dans la précarité. De facto, ils vont se retrouver à la rue" s’inquiète Lyes Louffok. (...)
InfoMigrants a documenté à de nombreuses reprises ces cas de jeunes étrangers à qui l’on demande de quitter la France à 18 ans alors qu’ils étaient en formation, en apprentissage… Certains avaient même des promesses d’embauche. (...)