
Le 7 janvier le patron de Meta Mark Zuckerberg a annoncé la fin prochaine aux Etats-Unis de son programme de "fact-checking".
En résumé, il n’y aura plus sur Facebook et Instagram de programmes de vérification des contenus par des médias tiers. Ces articles, aussi appelés "fact-checks", étaient publiés par Meta quand certains posts s’avéraient inexacts ou trompeurs. Les post n’étaient pas supprimés, mais ils étaient accompagnés de ces textes.
L’ONU, le Conseil de l’Europe et des leaders internationaux s’alarment des conséquences graves que risque d’entraîner la fin du programme aux Etats-Unis. Joe Biden a lui dénoncé vendredi une décision "vraiment honteuse". "La vérité compte", a déclaré le président américain à la presse depuis la Maison Blanche.
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– (ConseilsdeJournalistes)
Le fact-checking, qu’est-ce que c’est ?
Le fact-checking ? C’est un ensemble de pratiques et d’outils qui permettent de vérifier une information. Les façons de faire sont nombreuses, et tout type de contenus peut faire l’objet d’une vérification (photo, vidéo, rumeurs partagées sur les réseaux sociaux etc.)
Mais d’abord, un petit rappel : le fact-checking est au fondement de la pratique journalistique. Un journaliste doit toujours effectuer un travail de vérification des faits avant de les publier. Il y a encore quelques années, l’exercice portait principalement sur la vérification des déclarations des hommes et femmes politiques. Mais du fait de l’explosion des infox, ou fausses nouvelles, souvent créées sur Internet et diffusées massivement via les réseaux sociaux, le fact-checking prend une place de plus en plus importante dans la pratique des métiers de l’information, et ce partout dans le monde.
Quand on sait qu’il y a aujourd’hui plus de 4,5 milliards d’internautes dans le monde, la masse de contenus publiés donne le tournis (...)
La population, déjà peu encline à faire confiance aux médias en règle générale, bénéficie tout de même depuis quelques années de chaînes de télévision satellitaires dotées d’une éthique professionnelle plus forte. Et Internet a permis à de nombreux acteurs d’émerger, dont des sites spécialisés dans le fact-checking.
Mais dans des pays où les citoyens sont habitués à une forme de propagande médiatique, le travail des spécialistes du fact-checking est parfois compliqué, et peut s’apparenter à vider l’océan d’infox à la petite cuillère.
Le fact-checking est par ailleurs un exercice éreintant et de temps à autre répétitif, mais il est essentiel : parmi les fausses nouvelles, certaines ont un impact néfaste sur nos sociétés. (...)
À l’heure où scientifiques, universitaires et journalistes suscitent le rejet, toute information est sujette à caution. Les fact-checkeurs peuvent alors être vus comme les premiers combattants sur la ligne de front de l’info. Et parfois, ils sauvent des vies, comme lorsqu’il s’agit de restreindre la portée de fausses rumeurs partagées en Inde au sujet de gangs ravisseurs d’enfants qui conduisent à des lynchages. Ou de démonter les théories du complot très en vogue dans les pays arabophone (...)
Se donner les moyens de lutter contre les infox est donc un enjeu majeur du siècle à venir, comme le souligne le nouveau slogan adopté par le Washington Post : “Democracy dies in darkness” (la démocratie meurt dans l’obscurité). (...)