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Faire mieux avec moins : les « low-techs » progressent dans les écoles d’ingénieurs
#lowtechs #energies #urgenceclimatique #alternatives
Article mis en ligne le 30 juin 2024
dernière modification le 26 juin 2024

Concevoir des objets utiles, sobres, faciles à réparer : depuis peu, des écoles d’ingénieurs initient leurs étudiants aux "low-techs", des pratiques visant à faire mieux avec moins, à rebours de l’image de haute technicité associée au métier.

Un mouvement né dans les années 1970

Derrière cet anglicisme, construit en opposition aux "high-techs", se cache un mouvement né dans les années 1970 qui questionne le "tout technologie", avec en toile de fond l’épuisement des ressources naturelles.

Cafetière à piston plutôt que machine à capsules, cuiseur solaire plutôt que four électrique : ces techniques englobent "des objets frugaux, qui utilisent le moins de ressources énergétiques, humaines, financières, et de place", explique à l’AFP Martina Knoop, directrice de la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires (MITI) du CNRS.

À Lyon, Nantes ou encore Grenoble, concept et pratiques gagnent depuis peu les écoles d’ingénieurs, convaincues que les entreprises auront besoin de ces compétences.
Non plus « comment » mais « pourquoi »

Elles "vont vivre dans un milieu contraint. Il n’y aura plus de ressources illimitées et les low-techs sont une réponse à cet enjeu", explique Jean-Marc Benguigui, responsable de la formation à Centrale Nantes.

Depuis 2022, 12 étudiants par promotion travaillent à un projet concret. Après l’aménagement d’un catamaran avec des technologies plus simples, la prochaine promotion se penchera sur l’habitat en milieu rural.

À l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon, 88 élèves suivent l’option low-tech. Par un après-midi de juin, des jeunes femmes et hommes, en blouse de travail, coupent de la tôle, liment des pièces ou bricolent une fraiseuse et une imprimante 3D faites maison. (...) (...)

"La culture ingénieur classique est une culture d’expertise, qui concentre les savoirs dans les cerveaux de quelques-uns, sans forcément demander leur avis" aux utilisateurs, analyse Sacha Hodencq, maître de conférences à Grenoble INP. Mais "on sent un renouveau avec les enjeux écologiques et la conscience que ces enjeux complexes seront difficiles à résoudre avec une approche en silo".
Soudures

Mathieu Lecaille est passé par l’option proposée à Centrale Nantes, attiré par "le côté pratique". "On réapprend à travailler le bois, le métal, à faire des soudures" et à "remettre l’utilisateur au coeur des réflexions", quand la formation d’ingénieurs est plus axée sur la modélisation et l’informatique, poursuit-il. Le cursus lui a permis de "prendre du recul sur ce qu’on nous demande de faire". (...)

Existe-t-il des débouchés pour les jeunes ingénieurs attirés par la low-tech ? "C’est là où le bât blesse", estime Romain Colon de Carvajal.

Ilan Vermeren, diplômé de Centrale Nantes, est plus nuancé. "Il y a une appétence de plus en plus forte" de la part des entreprises, assure-t-il, citant l’exemple d’un emploi à pourvoir chez une filiale du géant de l’aéronautique Airbus.

Les low-techs intéressent au-delà de la France. Un projet européen associe des écoles françaises à l’Université de Mons en Belgique et à l’Université de technologies de Dublin.

Elles ont aussi leurs avantages dans des pays en développement. (...)

Lire aussi :

 (Deklic)
La low-tech : tout savoir

Longtemps, le terme “high-tech” a été synonyme de progrès et d’avancées technologiques, ce qui est évidemment le cas. En quelques années, Internet, le smartphone et la connectivité en général, ont révolutionné nos vies. Et pourtant, il est assez drôle de penser qu’avec la généralisation de ces technologies très avancées, le partage d’informations et la profusion de savoir en ligne ont contribué à un éveil des consciences en matière écologique et ont conduit à promouvoir une autre façon de penser l’innovation et la technologie : la “low-tech”.

On pourrait penser alors à un oxymore ! Comment une technologie pourrait être “low” puisque le propre du high-tech est bien l’innovation et la recherche d’une refonctionnalisation des méthodes de production ou d’utilisation des objets. Cet élan écologique dans les entreprises permet une autre façon de voir la production et son optimisation.

A quoi correspond cette appellation ? Un produit low-tech s’oppose-t-il nécessairement au high-tech ? Existe-t-il des exemples concrets de ces produits “low tech” ?

C’est ce que nous allons découvrir ensemble dans cet article ! (...)

Les premières revendications de la low-tech portent sur :

  • la prise en compte de la nature comme d’une richesse à préserver et pas simplement à exploiter ;
  • la création d’une économie basée sur la consommation raisonnées des ressources ;
  • l’intégration de la santé et du bien-être des travailleurs-euses dans l’équation de la production économique. (...)

avant l’émergence du high-tech, et notamment de ses dérives avec les obsolescences programmées par exemple, le low-tech était ce qui faisait avancer le monde.

Des premiers hommes jusqu’à la machine à vapeur, l’objectif a toujours été de faire mieux avec moins, tant pour faciliter la réparation des objets, que pour assurer la survie du plus grand nombre avec le minimum de ressources possible (parfois de manière contrainte).

🤖 La low-tech s’érige contre l’obsolescence programmée. (...)

La démarche “Low-tech” selon l’ADEME

En 2022 l’ADEME a publié les résultats d’une étude collective portant sur le low-tech afin d’en clarifier le concept.

Il en ressort cinq grands critères principaux :

  • La recherche de la simplicité (un objet low-tech doit être le plus simple possible)
  • Le low-tech doit prendre en compte la dimension systémique de l’objet (matériaux, conception, transport) ou des techniques
  • Le low-tech doit rechercher l’accessibilité et la démocratisation des technologies (l’open-source est une pratique low-tech)
  • Le low-tech doit réduire au maximum les besoins pour le produit ou la technique (une technique de récolte agricole qui nécessite des dizaines de tracteurs n’est pas low-tech)
  • Le low-tech doit prendre en compte la dimension écologique et environnementale

Parce qu’ils font bien les choses, l’ADEME ajoute trois autres critères :

  • La dimension innovante
  • La remise en cause du rapport entre l’objet et l’usager
  • Une réflexion sur l’usage des techniques et la facilité de les appliquer

(...)