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Mediapart
France Inter diffuse un reportage sur l’extrême droite à Lyon sans évoquer sa violence
#extremedroite #franceInter
Article mis en ligne le 22 décembre 2023
dernière modification le 21 décembre 2023

Dans un reportage diffusé mardi dans la matinale, France Inter a accompagné le groupuscule d’extrême droite Lyon populaire au cours d’une maraude sans mentionner les nombreux actes de violence de certains de ses membres, en particulier de son leader Eliot Bertin, interviewé par la radio

Mais que s’est-il passé à France Inter ? Dans un long reportage de quatre minutes diffusé mardi 19 décembre dans la matinale (et ses 4,7 millions d’auditeurs), la radio publique nationale a tendu le micro à une quinzaine de membres du groupuscule d’extrême droite Lyon populaire.

Le reportage se concentre sur la mobilisation des groupuscules d’extrême droite radicale en France, à la suite de la mort de Thomas à Crépol, et leur « espoirs » de faire grossir leurs rangs. La journaliste suit alors le groupuscule d’extrême droite radicale Lyon populaire au cours d’une maraude « de Noël » qui s’est tenue dimanche 17 décembre dans le Vieux Lyon (l’un des fiefs de l’extrême droite à Lyon).

Plusieurs « maraudeurs » y développent leurs opinions racistes. Marguerite, 20 ans, soutient : « Il y a le problème de l’immigration, celui de l’inflation, le problème identitaire, un souci écologique. Tout cela fait qu’on ne se reconnaît plus en tant que peuple français. » Baptiste en rajoute une couche : « Trop peu font le lien entre l’immigration et l’insécurité qui les touche. »

Celui que l’on entend le plus au micro est un certain Eliot Bertin. Leader de Lyon populaire, il gravite depuis de nombreuses années dans l’extrême droite radicale et violente à Lyon. Interrogé par France Inter, il n’occulte pas cette violence, mais elle est présentée comme de « l’autodéfense » et non comme « une violence aveugle et gratuite » (...)

Avec près de cinq minutes de reportage, Lyon populaire s’offre un beau coup de com’ en présentant sa facette la plus « acceptable » auprès des auditeurs de la matinale. Certes, la radio tempère a minima les propos des nationalistes disant qu’« aucune étude ne précise ce lien [entre immigration et insécurité – ndlr] ».

Elle mentionne également la présence d’un militant de Lyon populaire à la descente raciste dans le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, le 25 novembre. « À titre individuel, précise Eliot Bertin », rapporte encore France Inter. Mais les nombreuses actions violentes dans lesquelles sont impliqués des membres du groupuscule, et plus particulièrement son leader à Lyon, elles, ne seront pas mentionnées.

Eliot Bertin, un des leaders violents de l’extrême droite lyonnaise

Pourtant, il y avait le choix. Eliot Bertin a d’abord milité au sein du Bastion social jusqu’à sa dissolution en 2018. C’est à leurs côtés qu’en avril 2018, il est interpellé à la suite d’une charge de l’extrême droite sur des militants antifascistes, à la sortie d’un concert de rock. Dans cette affaire, il ne sera finalement pas inculpé mais seulement placé sous le statut de témoin assisté.

C’est sur les cendres du Bastion social que naît Lyon populaire. Et c’est sous cette bannière qu’Eliot Bertin continue de se mobiliser… et de faire le coup de poing. Il est repéré par Rue89 Lyon en 2021, rue Mercière, participant à une attaque aussi gratuite que violente à l’occasion du match France-Suisse durant l’Euro de football. À ses côtés, on retrouve Adrien R. dit Adrien Lasalle, ex-cadre de l’association dissoute Génération identitaire. (...)

le leader de Lyon populaire apparaît à visage découvert sur des vidéos de l’affrontement publiées sur les réseaux sociaux. Contacté, Lyon populaire affirmait à Rue89 Lyon n’avoir organisé « ni embuscade ni action ce soir-là », et n’avait pas souhaité faire de commentaire concernant la présence d’Eliot Bertin. (...)

Le 11 novembre dernier entre quarante et cinquante hommes encagoulés ont attaqué une conférence organisée à la Maison des passages, donnée par un médecin officiant à Gaza. Cette agression a fait trois blessés graves. L’une des victimes s’est vu prescrire 45 jours d’ITT.

Si l’attaque a été revendiquée par un groupe informel, le Guignol Squad, un nom utilisé depuis 2021 pour revendiquer diverses actions de l’extrême droite radicale lyonnaise, Rue89 Lyon a pu mettre en évidence que l’individu interpellé à l’issue de l’agression (actuellement en détention provisoire) graviterait dans les sphères de Lyon populaire. Bien loin de l’« autodéfense » proclamée dans le reportage de France Inter.

Contactée, la journaliste autrice du reportage n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitations. La rédaction de France Inter n’avait pas répondu à notre demande d’interview à l’heure de publication de cet article.