
En juillet 2024, l’Allemagne a échappé de justesse à une catastrophe aérienne. Selon des révélations cette semaine de la télé publique allemande et du journal "Süddeutsche Zeitung", la piste remonte jusqu’à un agent des services secrets de l’armée russe.
Les journalistes qui ont enquêté sur cette affaire évoquent la piste d’un agent secret russe et des paquets piégés envoyés depuis la Lituanie. Quatre colis, comme il en circule des millions, transportant cette fois des coussins de massage ou des tubes de cosmétiques... remplis d’une poudre incendiaire à base de magnésium, indétectable au scanner du transporteur allemand DHL. Un de ces paquets prend feu dans son entrepôt de Birmingham, un autre à Varsovie, un autre sur la plateforme logistique de Leipzig, où la catastrophe est évitée de peu. Le 20 juillet 2024, l’avion de transport de fret est en retard et c’est au sol que les pompiers maîtrisent difficilement l’incendie. Un autre paquet est neutralisé à temps. (...)
Les enquêteurs remontent la piste des expéditeurs : ce sont tous des amateurs, recrutés via la messagerie russe Telegram. Des "agents jetables", comme on les appelle dans le jargon du renseignement. "Ces agents ’low-cost’, bien souvent, ne saisissent pas la dimension politique de leur action, souligne Konstantin von Notz, député des Verts allemands (...)
La récompense pour chaque paquet destiné à une fausse adresse à Londres était de 109 euros. Dix personnes ont été arrêtées dans toute l’Europe. (...)
L’ombre du Kremlin
Derrière ces amateurs, les médias évoquent une opération de sabotage coordonnée par la Russie et son service d’espionnage militaire : le chef du réseau a été arrêté en Bosnie-Herzégovine. Alexander B. a été extradé fin février vers la Pologne, qui l’accuse d’être le coordinateur. Mais il n’est qu’un exécutant : le cerveau de l’opération est, selon ces révélations, le colonel Denis Alexandrovitch Smolyaninov. Ce spécialiste des opérations psychologiques au GRU, le renseignement militaire russe, supervise les opérations en Europe. Sous sanctions lui-même de l’Union européenne, il a compensé, grâce aux réseaux sociaux, les expulsions des centaines d’espions russes.
C’est donc une nouvelle facette de la guerre hybride contre l’Europe menée par la Russie, qui dément une nouvelle fois toute implication dans cette affaire.