
Dans des entretiens au « Monde », des hauts magistrats du Conseil d’Etat et de la Cour de cassation témoignent de leurs inquiétudes face aux attaques contre les principes juridiques mis en place en Europe depuis la seconde guerre mondiale.
Ce sont des paroles rares et graves des plus hauts magistrats français. A la hauteur de l’incrédulité et des inquiétudes qui saisissent le monde occidental depuis la prise de pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis. A la hauteur aussi des attaques, qui pleuvent tous azimuts, sur l’Etat de droit, ce principe fondamental, essentiel et, pourtant, si fragile, devenu une cible dans un grand nombre de démocraties, y compris en Europe.
Une offensive juridique et politique.
(...) Le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau souligne la gravité de l’époque : « Nous sommes dans un moment historique où il y a une tension entre deux formes d’Etat : l’Etat de droit, où être élu par le peuple ne suffit pas ; l’Etat brutal, comme on le voit avec Trump, où l’élection est censée donner tous les droits. »
La France n’est pas à l’abri. Les déclarations les plus frappantes, ces derniers mois, sont notamment venues du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui a choisi d’en faire un marqueur de sa ligne politique : « L’Etat de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré », a déclaré l’ancien sénateur de Vendée, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD), à l’automne 2024 (...)