
Épisode 3 (suite) - Observation des violences d'État à la frontière franco-britannique
Umit est sur le camp de Grande-Synthe et filme de l'intérieur lors d'une expulsion. Il livre son sentiment face à ces opérations quotidiennes. pic.twitter.com/ZBKKRYFM5Q— Specto Média (@media_specto) October 24, 2021
Retrouvez l’intégralité de l’épisode :
Épisode 3 – Observation des violences d’État
Human Rights Observers (HRO) a pour but de documenter afin de dénoncer les violations des droits humains auprès des personnes en situation d’exil à la frontière franco-britannique, plus précisément à Calais et à Grande-Synthe. Leur fonctionnement se rapproche de la méthode du copwatching, littéralement “surveillance de la police”. Ils sont présents autant que possible lors des opérations de police, et surtout lors des expulsions de lieux de vie informels, afin de documenter ces pratiques.
Dans un rapport publié, HRO recense les violences d’État à la frontière franco-britannique en 2020. Sur cette même année, 1058 expulsions de lieux de vie ont été conduites. Depuis janvier à septembre 2021, ce ne sont pas moins de 849 expulsions qui ont été recensées par les équipes d’observation.
Les tentes, les couvertures et les affaires personnelles sont détruites et saisies par la société de nettoyage APG (Apogée Propreté Conseil). Ces opérations sont encadrées par un convoi de police. Quand les forces de l’ordre arrivent, les personnes exilées n’ont en général que quelques minutes pour sortir de la tente et récupérer ce qu’ils peuvent avant que la police ne détruise tout.
Les équipes de HRO rapportent les techniques de violences déployées comme l’utilisation des couteaux pour lacérer les tentes et les bâches. La force est souvent employée pour faire sortir les personnes des abris de fortune, les propos à caractère raciste parfois utilisés ou encore les actes d’intimidation exercés à l’encontre des observateurs et des journalistes pour les éloigner du périmètre mis en place.
Ces opérations sont accompagnées de contrôles d’identité souvent abusifs et donnent lieu à des arrestations puis placement en rétention administrative alors illégaux.
Les biens saisis sont censés pouvoir être récupérés. Les faits démontrent que 72,6 % des personnes n’ont pas retrouvé ces effets de valeurs. Il apparaît même qu’un nombre important des sacs à dos retrouvés sont vidés. HRO dénonce dans un communiqué de presse un système de vol institutionnalisé, sous couvert d’un protocole mis en place par la préfecture du Pas-de-Calais. Les populations exilées présentes dans des campements de fortune du littoral nord subissent quotidiennement un déplacement forcé et sont confrontées à la dégradation, la confiscation ou encore la destruction de leurs biens matériels.
Cette technique de harcèlement consiste tout simplement à remettre en errance ces populations déjà fragilisées et épuisées par des conditions de vie extrêmement dures. (...)