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Le Monde
Israël-Palestine : entre Elon Musk et Thierry Breton, un différend public sur la modération de Twitter
#Israel #Hamas #Palestine #Musk #UE
Article mis en ligne le 13 octobre 2023

Le milliardaire américain patron de X et le commissaire européen ont échangé des menaces et des moqueries, le 11 octobre.

Après que M. Breton a sommé M. Musk d’appliquer fermement sous vingt-quatre heures les règles fixées par le règlement européen sur la modération des plates-formes, le Digital Services Act (DSA), alors que les contenus trompeurs et violents ont inondé Twitter après le début de l’offensive du Hamas contre Israël, le 7 octobre.

Malgré un échange de vive voix entre les équipes de M. Musk et de M. Breton, ce 11 octobre dans l’après-midi, la discussion a tourné au… clash public, après l’envoi par le commissaire européen au marché intérieur d’un courrier formel à Twitter lui enjoignant de se mettre en conformité avec le DSA. Tandis que le Français publiait ses premiers messages sur Bluesky, l’un des principaux concurrents de Twitter, le milliardaire américain exigeait que M. Breton détaille publiquement les griefs qu’il avait envers sa modération, faisant mine d’ignorer de quoi parlait son interlocuteur.

Les exemples, pourtant, ne manquent pas.

Depuis le déclenchement de l’attaque du Hamas sur Israël, de multiples vidéos très violentes de meurtres de civils ont été diffusées sur X, ainsi que des appels à la haine, et de nombreuses images truquées ou sorties de leur contexte. Des images issues du jeu vidéo réaliste Arma 3 ont ainsi été présentées comme des vidéos amateurs de combats (...)

Ces fausses informations ont été peu et mal modérées ces derniers jours – la plupart des comptes X les ayant massivement diffusées sont toujours en ligne. (...)

Historiquement défaillante, la modération de Twitter a été l’un des secteurs où Elon Musk a réalisé d’importantes coupes budgétaires après son acquisition du réseau social, le 27 octobre 2022. L’entreprise a coupé ses contrats avec les prestataires assurant l’essentiel de la modération. En parallèle, le milliardaire, également patron de Tesla, a fait évoluer les règles de la plate-forme, restaurant des comptes bannis et assouplissant la liste des contenus et pratiques jusque-là interdits.

En cette période de tensions extrêmes, la modération des contenus sur les réseaux sociaux est plus que jamais un enjeu politique. (...)

Historiquement défaillante, la modération de Twitter a été l’un des secteurs où Elon Musk a réalisé d’importantes coupes budgétaires après son acquisition du réseau social, le 27 octobre 2022. L’entreprise a coupé ses contrats avec les prestataires assurant l’essentiel de la modération. En parallèle, le milliardaire, également patron de Tesla, a fait évoluer les règles de la plate-forme, restaurant des comptes bannis et assouplissant la liste des contenus et pratiques jusque-là interdits.

En cette période de tensions extrêmes, la modération des contenus sur les réseaux sociaux est plus que jamais un enjeu politique. (...)

Conscients que le règlement européen joue sa crédibilité – et soucieux ne pas singulariser l’entreprise d’Elon Musk –, les services de Thierry Breton ont également envoyé, mercredi, un courrier à Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, pour la rappeler à ses devoirs mais en mentionnant, davantage que la situation en Israël et à Gaza, la couverture des élections en Europe, notamment en Slovaquie. Dans les prochains jours, une troisième lettre devrait être adressée à TikTok, pointant notamment des vidéos de « défis » dangereux pour les mineurs.
Un pouvoir de sanction

Aucune mesure immédiate ne devait être prise à l’extinction du délai de vingt-quatre heures fixé par M. Breton – d’autant que Twitter a formellement répondu, ce 12 octobre, en renvoyant une copie de ses règles de modération. Pour l’instant, les réponses – ou les non-réponses – que X ou les autres réseaux sociaux apporteront vont s’ajouter aux informations déjà accumulées par la Commission dans ses dossiers depuis l’entrée en vigueur du DSA. D’un point de vue strictement procédural, l’Union européenne ne peut rien engager tant que le comité composé des vingt-sept coordinateurs DSA de chaque Etat membre (l’Arcom pour la France) n’aura pas été mis en place. Or, celui-ci ne sera opérationnel qu’au début 2024. (...)

Ensuite, la Commission dispose de pouvoirs de sanction importants, mais dont la mise en œuvre est progressive (...)

Lire aussi :

 (France 24)
Attaque du Hamas contre Israël : premier crash-test de Twitter sous l’ère Elon Musk

Ce sont des images effroyables d’enfants dans des cages, des documents qui prouveraient que les États-Unis ont approuvé une aide de 8 milliards de dollars à Israël ou encore des vidéos suggérant que les atrocités commises contre des civils depuis le début de l’assaut du Hamas sur Israël sont des mises en scène de l’État hébreu.

Autant d’"infox" relayées ad nauseam sur X (nouveau nom de Twitter) depuis le samedi 7 octobre et qui sont depuis lors dans le collimateur des Observateurs de France 24 et autres médias de "fact-checking".
Thierry Breton vs Elon Musk

Et pour l’Union européenne, trop c’est trop. Dans une lettre ouverte, Thierry Breton, le Commissaire européen au Numérique, a donné 24 heures à Elon Musk, le patron de X, pour faire le ménage sur sa plateforme. Sans quoi, la Commission européenne se réserve la possibilité d’imposer une sanction équivalente à 6 % du chiffre d’affaires du réseau social pour violation du règlement européen sur les services numériques. (...)

L’assaut du Hamas sur Israël a, en effet, représenté "un réel stress-test pour les plateformes numériques et leur politique de modération du contenu", assure Hamza Mudassir, cofondateur du cabinet britannique de conseils pour start-up Platypodes et professeur de stratégie entrepreneuriale à l’université de Cambridge.

Les violences commises ces derniers jours ont entraîné un flot ininterrompu de réactions sur les réseaux sociaux. Rien que sur Twitter, plus de 50 millions de messages ont été postés sur le conflit depuis samedi. Ce déchaînement de contenus a été accompagné par une recrudescence de "fake news" et messages de propagande, ont constaté les sites de vérifications d’informations dans le monde entier.

Une croix portée par tous les réseaux sociaux, de TikTok à Instagram, mais qui affecte tout particulièrement Twitter. Thierry Breton n’a pas choisi par hasard de cibler Elon Musk. "Il fait clairement partie du problème", estime Sander van der Linden, professeur de psychologie sociale à l’Université de Cambridge et spécialiste de la désinformation sur les réseaux sociaux. (...)