
Alors que le combat pour l’égalité des sexes semble loin d’être gagné, l’exposition “Women House” présentée à la Monnaie de Paris tombe à point nommé. De Cindy Sherman à Niki de Saint Phalle, 39 artistes femmes y hurlent leur liberté en explorant les liens tordus entre genre féminin et vie domestique.
Durant des siècles, les femmes n’ont pas (ou peu) eu droit de cité dans l’espace public. Une autre place leur était assignée : la maison, lieu clos où elles devaient veiller à la bonne marche du foyer et à l’éducation des enfants. Un modèle aliénant qu’un certain nombre d’artistes femmes du XXe siècle se sont empressées de remettre en cause, comme le montre cette exposition.
Desperate housewives
Dans les années 1970, en pleine libération sexuelle et conquête de droits fondamentaux, les femmes commencent sérieusement à remettre en cause le modèle établi. Dans l’art, les plasticiennes dénoncent avec un mélange d’indignation et d’humour cinglant les tâches ménagères, instruments et symboles de leur confinement.
Figure de l’avant-garde féministe, l’Autrichienne Birgit Jürgenssen (1949-2003) photographie ainsi une femme au regard vide affublée d’un tablier-four délivrant des plats au niveau de son entre-jambe. Et dessine une épouse repassant son mari inerte, étendu sur la planche à repasser... L’Américaine Cindy Sherman (qui fut la première femme photographe à dépasser le million de dollars dans une vente aux enchères !) déconstruit ces clichés en incarnant une femme aux multiples facettes. Ménagère traditionnelle, bourgeoise oisive, call-girl : déguisée successivement en divers stéréotypes féminins pour sa série Untitled Film Stills. (...)