
Le Traité d’interdiction des mines antipersonnel d’Ottawa, signé en 1997, incarne un jalon majeur du leadership du Canada sur la scène internationale. En interdisant l’utilisation, la production et le transfert de mines terrestres, ce traité a permis de réduire de manière considérable la menace mondiale posée par ces armes.
Entre 1999 et 2013, le nombre annuel de nouvelles victimes a diminué de 85 %, sauvant près de 20 000 vies chaque année. De plus, d’immenses zones ont été déminées, plus de 50 millions de mines stockées ont été détruites et de plus en plus de victimes ont reçu de l’assistance.
La journée du 4 avril est consacrée à la lutte contre les mines antipersonnel. Elle est l’occasion de saluer les progrès réalisés en matière de déminage et d’assistance aux victimes, notamment grâce aux organisations humanitaires comme Humanité & Inclusion Canada, qui œuvrent sans relâche pour l’élimination des mines et aident les populations touchées.
Cependant, 25 ans après l’adoption du traité, on constate une indifférence croissante envers le droit international et les conventions qui garantissent la protection des civils en temps de conflit.
Nous appelons donc le Canada à reprendre son rôle de leader, en réaffirmant son engagement en faveur des normes mondiales qui protègent les plus vulnérables. Le retour en force des mines antipersonnel et la perspective, jadis impensable, du retrait d’États parties du traité exigent des mesures urgentes.
Les mines antipersonnel sont des instruments de terreur qui ne respectent aucun cessez-le-feu ou accord de paix. Ces armes, encore présentes dans 58 pays, ne ciblent pas les combattants ennemis, mais des civils. Quatre-vingt-cinq pour cent des victimes de mine sont des civils, les enfants étant particulièrement touchés, avec trop de blessures entraînant amputations et handicaps permanents.
Ces armes détruisent aussi les moyens de subsistance, empêchant les communautés de cultiver des terres agricoles contaminées et d’accéder aux infrastructures de santé et d’éducation.
Après des années de diminution constante, le nombre de victimes est de nouveau en hausse, accéléré par l’invasion illégale et à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. Le dernier rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel révèle une augmentation choquante de 22 % du nombre de blessés ou tués en une seule année, dont 37 % sont des enfants.
La menace croissante de la Russie a conduit cinq membres européens de l’OTAN à annoncer, au cours du dernier mois, leur décision de se retirer du traité, marquant la première fois qu’un pays quitte l’accord et suscitant des inquiétudes concernant l’avenir de celui-ci.
La Pologne, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, et maintenant la Finlande cette semaine, ont toutes exprimé leur intention d’utiliser des mines antipersonnel sur leur territoire, une décision qui risquerait non seulement de contaminer leurs propres terres, mais aussi de mettre en danger la vie de leurs citoyens pendant des décennies. Ne s’agit-il pas là d’une victoire pour la Russie et d’autres pays cherchant à affaiblir les normes humanitaires mondiales ?
Les réactions des autres États signataires ont été, au mieux, timides, au pire, inexistantes. Or, c’est justement en temps de conflit que les normes du droit international humanitaire doivent s’appliquer.
En tant que citoyens engagés, nous appelons le Canada à se lever une fois de plus en tant que leader mondial. Le Canada doit rester ferme dans sa défense du traité d’Ottawa. Nous exigeons que le Canada utilise tous ses moyens diplomatiques pour amener ses alliés et ses partenaires à préserver l’intégrité de cet instrument crucial pour la protection des civils.
Nous sommes une nation fondée sur des principes de paix, de justice et de solidarité. Nous croyons en la coopération, pas en l’affrontement. Le Canada doit reprendre son rôle de leader dans la protection de l’humanité, et c’est plus urgent que jamais. Les populations les plus vulnérables ont besoin de notre soutien. Il est temps d’agir.
Le nombre de victimes en augmentation