
Deux anciens patrons de l’hebdomadaire, ainsi qu’un dessinateur historique et son épouse, sont jugés à partir de mardi 8 juillet devant le tribunal judiciaire de Paris pour des abus de biens sociaux et un emploi fictif au préjudice du journal.
À partir de mardi 8 juillet (initialement prévu du 8 au 11 octobre 2024, le procès avait été renvoyé à la demande de la défense), deux patrons de l’hebdomadaire d’investigation, mais aussi le dessinateur André Escaro et son épouse, sont jugés devant la 11e chambre du tribunal judiciaire de Paris après des soupçons d’emploi fictif au sein même du journal qui a révélé celui de Penelope Fillon et changé le cours de l’élection présidentielle de 2017.
Michel Gaillard, président du Canard enchaîné de 1992 à 2023, et son successeur, Nicolas Brimo, sont poursuivis pour abus de biens sociaux à des fins personnelles, déclaration frauduleuse pour obtenir une carte de presse, faux et usage de faux et déclaration frauduleuse à un organisme social.
Le dessinateur André Escaro est poursuivi pour abus de biens sociaux, tandis que sa compagne, Édith V., est jugée pour recel d’abus de bien sociaux, escroquerie à un organisme social et fraude à la carte de presse.
En face, Christophe Nobili, journaliste au Canard depuis vingt ans, sera sur le banc des parties civiles après avoir porté plainte en mai 2022 puis révélé tous les détails de cette affaire dans son livre Cher Canard (Calmann-Lévy).
Avec lui, six autres journalistes de l’hebdomadaire se sont également constitués parties civiles, pour défendre les intérêts du journal en tant qu’actionnaires. (...)
la rédaction est scindée en trois. Ceux qui se taisent ; ceux qui soutiennent Christophe Nobili estimant qu’il n’a rien fait d’autre que de lancer l’alerte pour préserver le journal et sa réputation. Et les autres, qui défendent l’ancienne direction ou accusent Nobili de déloyauté, à l’instar du nouveau patron Érik Emptaz ou des journalistes Hervé Liffran ou Frédéric Haziza…
« Au sein de la rédaction, on vit dans une schizophrénie totale, déplore Christophe Nobili à Mediapart. Ce procès n’a même pas été évoqué à la conférence de rédaction de ce lundi matin, c’est lunaire. »
Devant la rédaction, la direction tait aussi toutes les procédures qu’elle multiplie encore et encore contre le journaliste. Elle a aussi ciblé des confrères en déposant plainte pour diffamation contre Blast et a entamé un nouveau recours auprès du tribunal administratif pour parvenir à licencier Nobili.
Elle a également porté plainte contre X, estimant avoir été victime d’une « perquisition numérique illégale » portant « atteinte à l’ensemble des piliers de notre État de droit » s’agissant d’une entreprise de presse.
« Le journal ne peut pas faire le contraire de ce qu’il écrit. Ce procès va permettre de faire la distinction entre des journalistes qui ont des valeurs et des principes et cette direction. »
Christophe Nobili à Mediapart
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