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L’histoire révolutionnaire de la Sécurité sociale, en deux livres et un film
#SecuriteSociale
Article mis en ligne le 6 novembre 2025
dernière modification le 3 novembre 2025

La Sécurité sociale pourrait devenir une alliée inestimable face à la crise écologique. Alors qu’on débat du budget de la Sécu 2026, retour sur plusieurs œuvres qui défendent cet outil à l’origine solidaire et révolutionnaire.

C’est Bernard Friot, économiste à contre-courant et défenseur d’une retraite à 50 ans, qui le dit dans l’émouvant film de Gilles Perret, La Sociale, sorti en salles en 2016 : « La Sécurité sociale est révolutionnaire. » Née en 1945, elle a libéré les classes populaires de la peur, la peur de la maladie, la peur de l’accident du travail, qui les laissait le plus souvent démunies.

Les propositions du gouvernement Lecornu pour le budget 2026 de la Sécurité sociale, actuellement en débat en commission sociale, l’ont malheureusement oublié.

Le principal créateur de la « Sécu », Ambroise Croizat, est un homme qui connaissait bien l’angoisse de la tuile et du lendemain : fils d’ouvrier et ouvrier lui-même dès l’âge de 13 ans, il est devenu un de ces « députés en casquette » sous le Front populaire, avant d’être nommé ministre du Travail en 1945, à la Libération. À travers la figure de ce communiste dévoué à « la cause » — il ne conservera jamais pour lui qu’un salaire d’ouvrier spécialisé —, c’est toute une culture sociale de solidarité et de savoir-faire militant que fait revivre avec bonheur La Sociale.
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la Sécurité sociale a acté pour la première fois dans les faits du passage d’une société de charité à une société de solidarité, organisée rationnellement. (...)

La longue histoire du discrédit de la Sécu

Créé la même année que la Sécurité sociale, en 1945, le Conseil national du patronat français a entamé tout de suite sa croisade anti-Sécu. En 1967, les lois Jeannerey lui ont donné satisfaction en partageant la gestion de la Sécurité sociale à 50-50 entre patrons et salariés, puis les pouvoirs publics ont accordé au patronat diverses exonérations de « charges sociales » : début 2025, elles étaient estimées à 75 milliards d’euros pour 2023. Soit plus de trois fois le déficit de 23 milliards d’euros de la « Sécu » dénoncé par les pouvoirs publics.

Si ce point reste si peu débattu, c’est que la protection sociale, de profondément politique, a été transformée en « question technique », démontre Julien Duval dans Le Mythe du “trou de la Sécu” (...)

Dès la création de la Sécurité sociale, par exemple, les maladies chroniques sont prises en charge dans le cadre du dispositif dit des « affections de longue durée » (ALD). Aujourd’hui, alors que ces maladies (arthrite, asthme, cancers, diabète, bronchopneumopathie chronique obstructive…) sont en plein essor (26 % de la population pourraient en être atteints), le gouvernement Lecornu prévoit la fin de leur prise en charge à 100 %. Nous sommes donc loin de l’esprit originel de la Sécu. (...)

Une culture mutualiste mondiale pour affronter la dévastation écologique

Il faudrait pourtant revenir à cet esprit social originel pour affronter la crise écologique, défendent avec clarté des acteurs du mouvement mutualiste (et un docteur en sociologie) dans le petit livre vert Santé planétaire. Plutôt que les « œillères budgétaires imposées par la logique des projets de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui masquent, année après année, l’ampleur réelle des défis », ils prônent une transformation systémique de notre gestion de la santé publique.

Ils et elles actent d’abord qu’il est devenu impossible de soigner et de prévenir les maladies « si nous ne sommes pas solidaires de la santé des océans, de celle des rivières et des nappes phréatiques » : une évidence quand on connaît l’importance des pollutions chimiques dans le déclenchement des maladies chroniques. (...)

our mener à bien cette nouvelle « révolution », les auteurs et autrices de Santé planétaire appellent à défendre le mouvement mutualiste, et ses valeurs de démocratie, d’entraide et de non-lucrativité, contre l’idéologie néolibérale. Des valeurs qui nous paraissent essentielles pour refonder une politique exigeante de la santé publique, à l’heure où les bouleversements écologiques rendent les populations civiles beaucoup plus vulnérables.

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