
Notre rapport à la Russie a reposé dans ces dernières décennies sur le même présupposé classique que celui qui a guidé le projet de construction européenne : l’idée que l’interdépendance des économies crée une interdépendance des sociétés et conduit en définitive à la paix.🧶1/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 15, 2022
L’interdépendance des économies, les relations économiques étroites créent un climat favorable à l’enrichissement privé et à l’enrichissement national. Les entreprises sont les meilleurs ambassadeurs de la paix qui diffusent cette posture aux sociétés et aux politiques. 3/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 15, 2022
La dépendance était en effet à double sens : nous dépendions de l’énergie russe, mais l’Etat russe reposait sur les revenus qu’il en tirait. Nous nous sommes enrichis sur les marchés russes, mais la Russie était dépendante des partenariats avec nos entreprises. 5/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 15, 2022
L’idée des vertus publiques du commerce repose sur le postulat d’acteurs éco qui ont la capacité à influer sur la décision publique et faire en sorte que leurs priorités deviennent des priorités de l’Etat. Les « oligarques » si décriés devaient être les avocats du win-win. 7/17
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L’oligarchie, c’est l’Etat au service des acteurs économiques puissants. La Russie poutinienne, c’est la sphère économique soumise aux intérêts du pouvoir (à ne pas confondre avec l’intérêt général). Surtout dans les secteurs économiques les plus stratégiques. 9/17
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La guerre n’est pas dans l’intérêt des acteurs économiques : elle met en danger leurs gains et la prévisibilité de leurs lendemains. Mais le Kremlin a fait ses choix selon d’autres priorités que l’économie, et à été totalement indifférent aux préoccupations des acteurs éco. 11/17
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Aujourd’hui, en faisant un calcul coûts/avantages, les acteurs de l’économie russe ont malheureusement beaucoup à perdre et peu à gagner à s’opposer à la guerre : le coût de la défection est énorme, et il n’y a pas d’espoir de gains économiques perso ou collectifs à en tirer 13/17
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Nous sommes donc dans une situation où ceux qu’on considère comme des acteurs politiques et économiques se retrouvent fortement dépendants, pour qui le Kremlin reste l’unique ressource. Et il y a de nouveaux pactoles à se partager grâce aux sanctions et à la guerre ! 15/17
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Avantages en termes de sécurité perso, de gains, de carrière, offerts en interne ou par des acteurs internationaux. Qui leur redonne un peu d’autonomie.
Cette lecture économiste est partielle, mais elle peut nous faire réfléchir aux politiques passées et futures. Fin 🧶17/17— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) October 15, 2022