Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
La justice ouvre une enquête sur les rejets dissimulés de Veolia dans l’environnement
#Veolia #pollution #HautesAlpes
Article mis en ligne le 16 mars 2025
dernière modification le 13 mars 2025

À la suite des révélations de Mediapart et de Ram05 sur les dysfonctionnements non déclarés par la multinationale dans ses stations d’épuration des Hautes-Alpes, le parquet de Gap a ouvert une enquête préliminaire. Parallèlement, deux fédérations de France Nature Environnement ont porté plainte.

Dissimulations de rejets non conformes, triches sur les chiffres des autocontrôles, mise en danger des salarié·es... Près de deux mois après les révélations de Mediapart et de Ram05 sur les pratiques opaques de Veolia concernant la conduite de ses stations d’épuration du secteur d’Embrun (Hautes-Alpes), le parquet de Gap a confirmé avoir ouvert une enquête préliminaire, confiée à l’Office français de la biodiversité (OFB).

Celle-ci a pour objet d’analyser les infractions susceptibles d’avoir été commises par la multinationale, délégataire de l’assainissement pour le compte de la communauté de communes de Serre-Ponçon. À l’origine de l’alerte, Hervé*, salarié de 2020 à 2023, a compilé des documents internes et des échanges de courriels, pour dénoncer ce qu’il qualifie de « système Veolia ».

Les pièces ainsi accumulées attestent du caractère systématique de dissimulations à la police de l’eau et à la collectivité délégatrice de dysfonctionnements, pratiquées par Veolia. Et ce, en dépit d’obligations réglementaires à déclarer toute non-conformité. (...)

Le licenciement du lanceur d’alerte annulé

Avant de prendre un tour pénal, ce dossier a été jugé par le conseil de prud’hommes de Gap, devant lequel Hervé contestait son licenciement, survenu début 2023. Le conseil a reconnu sa qualité de lanceur d’alerte – déjà attestée par le Défenseur des droits –, considérant le licenciement, effectué en représailles à l’alerte, comme abusif. Veolia a ainsi été condamnée à verser à Hervé 45 000 euros de dommages-intérêts ainsi que 16 000 euros au titre de provision pour frais d’instance – autrement dit, pour les frais de justice de futures procédures. Une mesure prévue pour répondre au déséquilibre économique entre un lanceur d’alerte isolé et une multinationale en capacité de mobiliser un puissant service juridique.

Pour Manon Yzermans, juriste à l’association de la Maison des lanceurs d’alerte, qui accompagne Hervé, la décision a une portée jurisprudentielle importante, en ce qu’elle pourrait « inspirer » les décisions futures d’autres conseils de prud’hommes. « C’est un premier jugement en pleine application de la loi Waserman de 2022 pour le renforcement des lanceurs d’alerte », s’enthousiasme-t-elle. Veolia a fait appel de la décision.