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La Namibie a commencé à abattre des animaux sauvages pour nourrir sa population, une décision contestée
#Namibie #alimentation #ecosystemes
Article mis en ligne le 12 septembre 2024
dernière modification le 9 septembre 2024

La Namibie a entamé l’abattage de plus de 700 animaux sauvages, dont des hippopotames, des éléphants, des buffles et des zèbres, notamment pour nourrir les populations affamées par la pire sécheresse depuis des décennies, a annoncé le ministère de l’Environnement.

D’ores et déjà, quelque 160 animaux ont été tués dans le cadre de cette mesure gouvernementale annoncée la semaine passée, qui permettra également, en plus de fournir de la viande à des milliers de personnes, d’alléger la pression sur les ressources en pâture et en eau minées par la sécheresse.

Des chasseurs professionnels ont été chargés d’abattre 30 hippopotames, 83 éléphants, 60 buffles, 100 gnous bleus, 300 zèbres, 100 élands et 50 impalas (deux sortes d’antilopes). La plupart de ces animaux vivent dans les parcs nationaux protégés du pays.

Le Programme alimentaire mondial de l’ONU a indiqué en août qu’environ 1,4 million de Namibiens et Namibiennes, soit plus de la moitié de la population, connaissait une insécurité alimentaire sévère, la production céréalière ayant dégringolé de 53% et les niveaux d’eau des barrages de 70% par rapport à l’an passé.
Craintes des ONG

L’association de défense des animaux Peta a publié sur son site une lettre adressée au Premier ministre Saara Kuugongelwa-Amadhila, lui demandant de "reconsidérer" cette mesure, "non seulement cruelle, mais aussi dangereusement à courte vue et qui n’aura aucun effet à long terme".

Dans cette lettre le vice-président de Peta Jason Baker estime que l’abattage pourrait en outre déséquilibrer les écosystèmes.

Un groupe de chercheurs et défenseurs africains de l’environnement a, de son côté, estimé que cet abattage de masse établissait un précédent autorisant les gouvernements "à exploiter la faune protégée et les parcs nationaux sous couvert de besoins humanitaires".

Le WWF estime qu’il ne reste qu’environ 415’000 éléphants sur le continent (contre 3 à 5 millions au début du XXe siècle). Les éléphants d’Afrique et d’Asie sont considérés comme menacés d’extinction, à l’exception des populations d’Afrique du Sud, du Botswana, de Namibie et du Zimbabwe, considérées comme vulnérables. (...)

Sylvie Brunel, géographe et auteur de "Nourrir", dénonce ce qu’elle nomme le "syndrome de Tarzan", cette conviction occidentale de mieux savoir que les Africains ce qui est bon pour eux. Elle explique qu’abattre 83 individus ne représente que 0,3% de la population d’éléphants en Namibie : "Je pense que nous devrions avoir la décence de laisser ce gouvernement gérer son territoire et sa population."

Il ne faut pas idéaliser les animaux sauvages d’Afrique australe, qui, contrairement à d’autres régions du continent, ne sont pas menacés de disparition

Sylvie Brunel, géographe et auteur de "Nourrir" (...)

"Je comprends parfaitement notre indignation, mais il faut savoir que nous rencontrons des problèmes similaires chez nous avec des espèces comme le loup et l’ours. Il ne faut pas idéaliser les animaux sauvages d’Afrique australe, qui, contrairement à d’autres régions du continent, ne sont pas menacés de disparition et ont, au contraire, été très bien gérés", dit-elle.