
Le ministre polonais de l’Intérieur Marcin Kierwinski a annoncé dimanche la prolongation des contrôles aux frontières que Varsovie partage avec l’Allemagne et la Lituanie. Selon lui, il est "fondamental" de verrouiller la route migratoire qui s’est formée à travers la Lettonie, la Lituanie puis la Pologne jusqu’en Allemagne.
Il a indiqué que les contrôles, réintroduits début juillet après que l’Allemagne a pris des mesures similaires pour arrêter les migrants en situation irrégulière, seraient prolongés jusqu’au 4 octobre.
Le ministre a affirmé que le renforcement des contrôles et des barrières à la frontière polonaise avec la Russie et la Biélorussie avait permis de mettre un terme aux franchissements clandestins.
Il a estimé qu’il était désormais "fondamental" de verrouiller la route migratoire qui relie la Biélorussie à l’Allemagne, via la Lettonie, la Lituanie et la Pologne.
Des centaines de traversées chaque mois
Plus de 493 000 personnes franchissant les frontières séparant la Pologne de l’Allemagne et de la Lituanie ont été contrôlées par les gardes-frontières polonais entre le 7 juillet et le 2 août, a déclaré leur chef, Robert Bagan, au cours de la réunion.
Les autorités polonaises affirment que des centaines de personnes, principalement originaires du Moyen-Orient, traversent chaque mois les États baltes depuis la Biélorussie.
La route de la Biélorussie et des pays baltes a été ouverte à l’été 2021, lorsque les autorités biélorusses ont organisé, avec le soutien de Moscou, des arrivées massives de migrants aux frontières lituaniennes et polonaises pour déstabiliser l’Union européenne (UE). En 2021, plus de 4 200 personnes étaient ainsi entrées illégalement en Lituanie, depuis la Biélorussie, contre 74 en 2020. (...)
En mai dernier, Vilnius a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) d’une plainte contre la Biélorussie, l’accusant d’avoir organiser une "contrebande de migrants à grande échelle". Le gouvernement lituanien cherche "à tenir le régime biélorusse responsable" de l’afflux de migrants "à grande échelle vers la Lituanie" depuis 2021, avait alors déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Le gouvernement s’est référé à un protocole de l’ONU contre le trafic de migrants, affirmant avoir des preuves "confirmant l’implication directe du régime biélorusse dans l’organisation des flux de migrants".
Depuis 2015, les pays européens faisant partie de l’espace Schengen peuvent instaurer des contrôles aux frontières intérieures de l’espace s’ils estiment qu’il existe une menace pour l’ordre public ou la sécurité intérieure. Des amendements aux règles de l’espace Schengen, dans le cadre du nouveau code d’avril 2024, permettent désormais aux États membres de fermer aussi leurs frontières en cas d’"instrumentalisation" ou de facilitation d’entrée de migrants irréguliers sur le territoire de l’UE. (...)
La Pologne a ainsi adopté en décembre 2024, et avec le feu vert de la Commission européenne, une loi autorisant la suspension du droit d’asile pendant 60 jours, en cas "d’instrumentalisation" de l’immigration illégale, dans une zone précise du pays. En mai 2025, Varsovie a prolongé la mesure pour 60 jours supplémentaires.