
Le harcèlement, les atteintes à la vie privée, les contenus choquants : pour les parents qui hésitent à laisser leurs enfants naviguer sur les réseaux sociaux, les réticences ne manquent pas. Mais ils sous-estiment un autre danger : l’algorithme de ces applications noie les timelines des garçons et jeunes hommes de contenus misogynes, finissant par faire passer pour ordinaires des opinions pourtant extrêmes. C’est ce qu’indique une étude de chercheurs de l’université Monach, qui observe une hausse inquiétante du sexisme, du harcèlement sexuel et de la misogynie dans les écoles australiennes.
Les travaux menés au sein de l’université australienne, relayés par The Conversation, font ainsi remonter des cas de garçons intimidant physiquement leurs professeures, commentant le physique de celles-ci et qualifiant les inégalités de genre de « mythes ». L’étude suggère que ces tendances font écho à la montée, sur les réseaux sociaux, de figures masculinistes comme Andrew Tate. (...)
Pour mieux comprendre leur popularité, il faut disséquer le fonctionnement des algorithmes. Ceux-ci sont optimisés pour nous faire cliquer, liker, partager et revenir encore et encore sur l’application. Le but est avant tout commercial : plus nous restons, plus nous voyons de pubs, et plus le réseau social gagne de l’argent. C’est l’économie de l’attention. Un réseau social comme X (ex-Twitter) ou TikTok tend donc à nous montrer ce qu’on veut voir… Mais parfois, il nous aide beaucoup à vouloir une chose en particulier.
D’autres études récentes prouvent à quel point les garçons et jeunes hommes sont abreuvés de contenus misogynes, qu’ils le veuillent ou non. En 2024, des chercheurs irlandais ont ainsi créé dix faux profils sur TikTok et YouTube. (...)
La conclusion est sans appel : même sans le demander ou avoir la tête de l’emploi, tous les comptes ont rapidement été abreuvés de contenus misogynes –surtout ceux qui ne le cherchaient pas mais étaient simplement intéressés par le sport et les jeux vidéo. Bien sûr, la fréquence des publications masculinistes, extrémistes et anti-féministes augmentait à mesure que ces comptes interagissaient avec elles.
Que peuvent faire les parents ?
Stephanie Wescott et Steven Roberts, coauteurs de l’étude australienne, parlent ainsi de « radicalisation misogyne » pour qualifier le changement brutal dans le comportement des garçons à l’égard des filles. (...)
Alors que le mot « radicalisation » renvoie normalement à des recrutements dans des groupes terroristes, ils citent justement des études qui démontrent les liens entre misogynie et terrorisme d’extrême droite, ou qui identifient la communauté incel comme une menace terroriste. Et même sans aller jusque là, la misogynie reste une idéologie extrémiste qui perpétue et encourage la violence envers les femmes. (...)
Ces conversations respectueuses, sans jugement, sont la clef pour permettre aux adolescents de s’exprimer et de repérer le problème seuls. Les chercheurs encouragent donc le recours aux questions ouvertes, comme : « Tu peux nous parler un peu de ce créateur ? Qu’est-ce qui t’intéresse dans son contenu ? » Si les parents veulent critiquer quelque chose ou quelqu’un sur le téléphone de leur fils, il vaut mieux le faire avec lui, plutôt que risquer de lui donner l’impression qu’on s’oppose à lui.
Enfin, l’observation est fondamentale. (...)
Soyez aussi ouverts à d’éventuels commentaires de professeurs : il est probable que l’attitude change selon qu’un garçon se trouve à la maison, à l’école ou sur les réseaux sociaux.