
Le 1er février 1954, l’abbé Pierre, prêtre et ancien résistant à l’occupant nazi, prenait la parole pour porter la voix des sans-abris qui mourraient de faim et de froid dans les rues en cet hiver. Sur les ondes de Radio Luxembourg, il avait lancé : « L’insurrection de la bonté ». C’est une vie de lutte avec des succès et des échecs, une œuvre à la Sisyphe.
Le 12 janvier 2024, à quelques jours ds 70 ans de l’appel de l’abbé Pierre, en pleine vague de froid, un homme est retrouvé mort dans un abri de fortune à Sarcelles, il avait 58 ans. Il n’était pas le premier de la saison.
En 2022, le collectif « morts dans la rue » a compté 624 sans domiciles fixes décédés.
Le 27 juillet 2017, à peine élu, le président Macron avait déclaré : « La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité là aussi. » Plus tard, le chef de l’État, ayant oublié sa dignité sur le trottoir, a précisé qu’il parlait de l’accueil des migrants — et pas des sans-abris — tout en reconnaissant « ne pas avoir réussi » (ni l’un ni l’autre donc).
En février 2019, on avait pourtant vu diffuser sur les médias et les réseaux sociaux des photos de propagande le mettant en scène en maraude, la nuit, à genoux, jouant la compassion (sentiment dont il est dénué visiblement). L’indécence n’a pas de limite chez ces gens-là. Exactement cinq ans plus tard, Attal le clone annonçait devant l’Assemblée nationale la fin de l’allocation de solidarité spécifique destinée aux chômeurs en fin de droits (ASS). Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre montrait ses (petits) muscles et prévenait avec son indécent sourire en coin : « il n’y a pas de droit à la paresse ». 322 000 miséreux qui survivaient avec les 540 euros par mois de l’ASS devront apprendre à s’en priver. 58 % d’entre eux ont plus de 50 ans. Cette petite économie qui entre dans le programme macroniste de la destruction de l’assurance-chômage mettra encore des milliers de gens à la rue. Dans l’histoire de la Ve République, personne n’avait osé s’attaquer à l’assurance-chômage. (...)
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