
Plus de 90 études sur des menaces telles que le changement climatique, l’extrémisme et la désinformation sont interrompues.
– 10 mars 2025
Le ministère américain de la défense (DOD) met fin à l’ensemble de ses financements en faveur de la recherche en sciences sociales, arrêtant ainsi 91 études en cours liées à des menaces telles que le changement climatique, l’extrémisme et la désinformation. Dans un communiqué de presse publié vendredi (7 mars) en fin de journée, le ministère a indiqué qu’il "se concentrerait sur les technologies les plus efficaces" et que la recherche qu’il finance "doit répondre aux besoins urgents de développement et de mise en œuvre de capacités militaires avancées" "Le ministère de la défense ne fait pas de conneries sur le changement climatique", a écrit dimanche le secrétaire à la défense Pete Hegseth sur X. "Nous nous occupons d’entraînement et de combat.
Les réductions concernent l’ensemble de l’initiative de recherche Minerva, un projet phare lancé en 2008 pour "aider la Défense à mieux comprendre les défis futurs et à s’y préparer" (ScienceInsider a d’abord fait état de ces réductions le 2 mars). (Le site web de l’initiative, qui contient des rapports sur les projets terminés et en cours, a depuis disparu.
"La décision du Pentagone de supprimer son portefeuille de recherche en sciences sociales est à courte vue et nuit à la sécurité nationale des États-Unis", déclare Jason Lyall, politologue au Dartmouth College. Un grand nombre des projets annulés portaient sur la manière dont les nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, façonnent les champs de bataille modernes, note M. Lyall. "Comment savoir ce qui a un impact si l’on ne fait pas de recherche ? Comment anticiper les contre-mesures et les conséquences de leur utilisation ? Je crains que sans ce portefeuille, nous perdions une source essentielle de données impartiales sur la sécurité nationale, ce qui rendrait le Pentagone plus vulnérable aux entreprises qui vendent des technologies "révolutionnaires" mais non éprouvées.
Cette décision "suggère qu’ils ne se soucient pas de mieux comprendre les menaces auxquelles les États-Unis sont confrontés", déclare Josh Busby, chercheur à l’université du Texas à Austin et conseiller principal pour le climat au ministère de la Défense en 2021-22. M. Busby a reçu une petite subvention pour étudier la dépendance des États-Unis à l’égard des minerais essentiels provenant de Chine pour la transition vers l’énergie propre, un projet qui devait s’achever cet été après un exercice de simulation au Collège de guerre naval des États-Unis. Selon M. Busby, il est désormais peu probable que cela se produise. "Le ministère de la défense a déclaré que la suppression des projets de recherche permettrait d’économiser plus de 30 millions de dollars la première année, mais il s’agit d’une "erreur d’arrondi dans le budget colossal du Pentagone", explique M. Lyall. "Toute économie réalisée sera compensée par de nouvelles lacunes et de nouveaux angles morts dans nos connaissances sur les menaces actuelles et émergentes.