
Ce 10 octobre 2025, aux côtés de quinze autres organisations, Utopia 56 a saisi le Conseil d’État pour faire annuler le récent accord franco-britannique, le fameux “One in One out”.
Celui-ci avait été signé le 9 juillet dernier, à l’occasion du 37ᵉ sommet franco-britannique entre Emmanuel Macron et Keir Starmer.
Il prévoit le renvoi vers la France de personnes ayant risqué leur vie pour rejoindre les côtes anglaises. Pour chaque renvoi, une autre personne, sélectionnée en France, pourra entrer au Royaume-Uni munie d’un visa.
Un dispositif de marchandage, qui sacrifie l’accès à la protection internationale, où les personnes concernées sont traitées comme de simples chiffres interchangeables.
En instituant un cadre spécifique en matière d’admissions et réadmissions de personnes étrangères, cet accord conduit à des privations de liberté.
Les personnes sont enfermées le temps de l’étude de leur dossier au Royaume-Uni et durant le transfert forcé qui se fait sous encadrement d’escortes britanniques, impactant ainsi l’exercice de libertés publiques.
Une fois expulsées vers la France, après quelques jours de prise en charge, la plupart se retrouvent visées par une OQTF et remises à la rue.
Depuis sa mise en place, déjà 26 personnes ont été renvoyées vers la France. Beaucoup d’autres sont actuellement enfermées côté anglais, dans l’attente de savoir si elles seront ou non renvoyées.
Les organisations soussignées dénoncent le procédé par lequel le gouvernement, au travers d’un simple décret, a rendu cet accord de la honte applicable, au détriment des droits fondamentaux des personnes concernées, et ce, sans même un débat au Parlement.
C’est ce vice de procédure (l’absence de débat au Parlement), ainsi que les conditions de mise en œuvre des renvois, qui ont permis de saisir le Conseil d’Etat (en charge de contrôler les conditions dans lesquelles sont approuvés les engagements internationaux de la France).
Depuis début août (date d’application du décret), plus de 10 000 personnes ont rejoint le Royaume-Uni par la Manche, et ce, malgré la menace d’être potentiellement renvoyées.
Faute de voies de passage sûres pour toutes et tous et sans conditions, les personnes n’ont toujours pas d’autre solution que de risquer leur vie.
Avec le Gisti, l’Anafé, la Ligue des Droits de l’Homme, Secours Catholique, Dom’Asile, ARDHIS, Médecins du Monde, la Cimade, SALAM, Human Rights Observers, l’Acceuil Demandeurs d’Asile (ADA), Fédération des associations de solidarité avec tou.tes les immigré.s et l’association Groupe Accueil et Solidarité (GAS).