
Si les États-Unis de Donald Trump venaient à intervenir dans la guerre entre Israël et l’Iran, les bombardiers B2 seraient en première ligne. D’où l’attention portée ces derniers jours à ces bombardiers, les seuls capables de larguer sur l’Iran les bombes pouvant détruire les installations les plus souterraines du programme nucléaire à Fordo.
(...) La raison principale pour Israël de faire appel aux États-Unis face à l’Iran tient en un lieu : Fordo. Ce site nucléaire iranien se situe à 150 km au sud de Téhéran, profondément enfoui sous terre dans une zone montagneuse.
Impossible pour Israël de détruire ces installations souterraines cruciales pour le programme nucléaire iranien… mais ce serait une mission dans les cordes des B-2 nord-américains. (...)
Plus précisément “les États-Unis ont ces très puissantes bombes conçues spécifiquement pour détruire des abris renforcés sous terre, comme à Fordo, et dont ne dispose pas Israël. Des engins qui, pour simplifier, ne peuvent être transportés que par les B-2”, explique Sim Tack, analyste militaire.
Deux atouts majeurs font des B-2 les candidats parfaits, voire uniques, pour une telle mission. Le premier : ils figurent parmi les rares avions de la flotte américaine capables de transporte ces méga-bombes à forte pénétration de 13 600 kg. “Pour être précis, le B-2 a même la place pour en transporter deux”, note Ian Horwood, historien et spécialiste de l’armée américaine à l’université Saint John de York, au Royaume-Uni.
En théorie, d’autres bombardiers tels que les célèbres B-52 pourraient également effectuer ce type de missions. Mais “les Américains ne prendraient sans doute pas le risque d’envoyer un tel avion, trop facilement détectable”, note Frank Ledwidge, spécialiste des questions militaires à l’université de Portsmouth, au Royaume-Uni. À l’inverse, le B-2 dispose d’un autre atout considérable : “C’est un bombardier furtif, probablement le plus furtif de la flotte américaine”, souligne Ian Horwood.
De la dissuasion nucléaire au mégabombardier
Cette capacité à devenir quasi invisible a été sans cesse améliorée pour ce bombardier qui “commence à être un peu vieillissant”, souligne Ian Horwood. Mis en service à la fin des années 1980, le B-2 a été conçu pour être le bombardier à plus longue portée de l’aviation américaine. “Il devait intégrer la force de dissuasion nucléaire et être le seul à pouvoir atteindre l’Union soviétique depuis les États-Unis pour y larguer ses bombes”, explique Ian Horwood. (...)
“Sa première mission remonte à la guerre au Kosovo en 1999. Il a alors établi le record de l’opération à plus longue distance, puisqu’il a décollé des États-Unis pour aller bombarder en ex-Yougoslavie”, note Frank Ledwidge.
Par la suite, “ce bombardier a été déployé dans la plupart des conflits auxquels les États-Unis ont participé, que ce soit en Libye, en Irak ou encore en Afghanistan”, précise Frank Ledwidge (...)
Au fil des ans, “le B-2 est ainsi devenu une sorte d’avion signature que les États-Unis font entrer en scène pour montrer leur détermination”, ajoute ce spécialiste. (...)
Fort de sa réputation, ce bombardier sert également d’arme de dissuasion dans la diplomatie américaine. (...)
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Depuis plusieurs jours, Donald Trump souffle le chaud et le froid sur une éventuelle intervention directe.
Plusieurs figures trumpistes du mouvement "MAGA", dont Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, ou encore l’ex-présentateur de Fox News Tucker Carlson, ont exprimé leur opposition farouche à toute intervention américaine directe.
Mais les États-Unis disposent "de capacités qu’aucun autre pays du monde ne possède", a rappelé jeudi Karoline Leavitt, faisant sans-doute référence à la bombe américaine qui serait capable de détruire l’usine d’enrichissement d’uranium de Fordo, une infrastructure cruciale du programme nucléaire iranien enfouie à une centaine de mètres de profondeur.
"Faites confiance au président Trump," a-t-elle ajouté. "Le président Trump a un instinct incroyable."