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Les enfants se déplacent de moins en moins à vélo, voici pourquoi
#velo #enfants
Article mis en ligne le 17 octobre 2025
dernière modification le 13 octobre 2025

Les déplacements à vélo sont ultra minoritaires chez les plus jeunes. Ils reculent même, malgré la croissance de la pratique chez les adultes dans les villes, signe d’une perte d’autonomie et du poids des représentations.

Le nombre d’adeptes du vélo pour les déplacements quotidiens augmente en France depuis plusieurs années… sauf chez les enfants, où la tendance est diamétralement opposée. C’est ce qui ressort d’une enquête de grande ampleur — un questionnaire envoyé à 5 000 parents de France hexagonale et 500 parents résident dans les départements et régions d’outre-mer, ainsi que 500 jeunes de 18 à 20 ans — publiée début septembre par l’Agence pour la transition écologique (Ademe).

Le vélo n’a pas totalement perdu la cote auprès des enfants : la plupart sont équipés à l’âge des premiers coups de pédales (85 % des personnes interrogées possèdent un vélo pour leur enfant). Le biclou est même plébiscité comme objet de loisir ou de sport. Mais le taux d’équipement diminue fortement à mesure que les enfants grandissent et le vélo est de moins en moins utilisé comme un mode de transport.

Au collège, le vélo ne représente que 4 % des trajets entre le domicile et l’établissement scolaire, dans l’hexagone, et 8 % des déplacements extrascolaires, indique l’Ademe. Et la tendance est au recul de la « part modale » du vélo, c’est-à-dire la proportion des trajets effectués avec ce mode de transport, à en croire les données recueillies par l’Insee sur la mobilité

Les déplacements à vélo sont ultra minoritaires chez les plus jeunes. Ils reculent même, malgré la croissance de la pratique chez les adultes dans les villes, signe d’une perte d’autonomie et du poids des représentations.

Le nombre d’adeptes du vélo pour les déplacements quotidiens augmente en France depuis plusieurs années… sauf chez les enfants, où la tendance est diamétralement opposée. C’est ce qui ressort d’une enquête de grande ampleur — un questionnaire envoyé à 5 000 parents de France hexagonale et 500 parents résident dans les départements et régions d’outre-mer, ainsi que 500 jeunes de 18 à 20 ans — publiée début septembre par l’Agence pour la transition écologique (Ademe).

Le vélo n’a pas totalement perdu la cote auprès des enfants : la plupart sont équipés à l’âge des premiers coups de pédales (85 % des personnes interrogées possèdent un vélo pour leur enfant). Le biclou est même plébiscité comme objet de loisir ou de sport. Mais le taux d’équipement diminue fortement à mesure que les enfants grandissent et le vélo est de moins en moins utilisé comme un mode de transport.

Au collège, le vélo ne représente que 4 % des trajets entre le domicile et l’établissement scolaire, dans l’hexagone, et 8 % des déplacements extrascolaires, indique l’Ademe. Et la tendance est au recul de la « part modale » du vélo, c’est-à-dire la proportion des trajets effectués avec ce mode de transport, à en croire les données recueillies par l’Insee sur la mobilité (...)

L’Union Sport & Cycle, qui publie chaque année des chiffres de vente de vélos, observe une chute vertigineuse des ventes de vélos pour enfants. (...)

Le vélo pâtit de la concurrence de la voiture, qui s’est imposée comme le mode de transport privilégié même pour les courtes distances. Les parents, dans 8 cas sur 10 selon l’étude de l’Ademe, poursuivent leur trajet vers leur travail ou un commerce après avoir déposé leur enfant. Les trajets quotidiens des enfants s’insèrent donc dans les « boucles de déplacements » de leurs parents.

De génération en génération, on constate également une transformation des mentalités, avec une « perception accrue des risques liés à l’environnement urbain », écrit l’Ademe. D’après son étude, plus des trois quarts des parents perçoivent la marche et le vélo comme plus dangereux qu’à l’époque où eux-mêmes étaient enfants.

« Le discours sécuritaire s’amplifie et véhicule l’idée que l’espace public est hostile pour les enfants, commente Mathieu Adam. Cela produit des attentes importantes sur la parentalité. Il n’est plus aujourd’hui accepté de voir un enfant seul dans l’espace public, alors que le risque intrinsèque est plus faible aujourd’hui dans les grandes villes qu’il ne l’était avant qu’on commence à remettre en cause la place de l’automobile. »

Cette évolution alimente un cercle vicieux : la peur des accidents causés par les voitures, spécifiquement aux abords des écoles, incite les parents à prendre leur voiture pour aller à l’école.

Barrières psychologiques

L’autre barrière psychologique est de sentir que l’enfant sera capable de réagir en cas d’imprévu. S’il crève ou chute et se fait mal. Or, les villes sont de plus en plus anonymes, y compris pour les enfants, regrette Cyril Vernay, qui s’occupe des mobilités des enfants et adolescents à la Maison du Vélo Lyon métropole (...)

Résultat, selon l’Ademe, « les espaces pratiqués par les enfants ont rétréci au fil des générations. Les grands-parents bénéficiaient d’une grande liberté dès 6-7 ans pour se déplacer seuls à pied ou à vélo sur des distances importantes. Les parents avaient déjà une autonomie réduite, mais pratiquaient encore les modes actifs pour l’école et les loisirs. Les enfants d’aujourd’hui sont majoritairement accompagnés par leurs parents, même pour des trajets courts. »

Seule l’acquisition d’un premier téléphone, qui devient massive à partir de l’âge du collège — 8 enfants sur 10 en sont dotés à cet âge — permet aux parents de laisser leurs enfants seuls, ce qui retarde l’autonomie et la conditionne à un nouveau « fil à la patte ».

Le poids des représentations et des préjugés (...)

l’idée reste encore ancrée que se déplacer à vélo fait « enfant » ou « ringard ». Sans compter que le port du casque à tendance à décoiffer, ce qui compte énormément à l’adolescence.

Les biais de genre sont un poids supplémentaire pour la mobilité des filles. La pratique est pétrie « d’injonctions sexuées », particulièrement prégnantes à l’adolescence, souligne le sociologue David Sayagh dans Sociologie du vélo, qui vient de paraître à la collection Repères (...)

Selon l’enquête de l’Ademe, la rue est également perçue par les parents comme un lieu davantage propice aux agressions pour leurs filles que pour leurs garçons. (...)

Alors comment faire progresser le vélo chez les enfants ? Des progrès peuvent être faits dans les aménagements cyclables, qui sont aujourd’hui avant tout pensés pour favoriser des grands axes circulants, permettant de quadriller la ville, mais pas de sécuriser les petits trajets à l’échelle du quartier. (...)

Dans les zones 30, un tiers des enfants ne sont pas accompagnés, qu’ils soient en vélo ou à pied, contre un quart dans les zones où la vitesse est limitée à 50 km/h, voire à peine 1 enfant sur 6 sur les boulevards urbains.

Les formations, à l’école, sont aussi plébiscitées pour tenter d’inverser ce phénomène. Un programme « savoir rouler à vélo », depuis 2020 à l’école primaire, vise à parfaire l’apprentissage complexe de l’autonomie à vélo.
Du vélo loisir au vélo quotidien

Le vélo reste également apprécié des jeunes comme objet de loisir. (...)

Au bout du compte, le vélo a un réel pouvoir pour décarboner les trajets quotidiens des enfants, insiste Chloé Charrat : « Il y a un peu plus de 80 % des collégiens et collégiennes qui habitent à moins de 20 minutes de vélo de leur collège. »