
Les familles des participants français de la flottille Global Sumud, interceptée mercredi soir par l’armée israélienne, se sont rassemblées dimanche à Paris. Le quai d’Orsay annonce l’expulsion de 28 Français vers la Grèce lundi
Sous un soleil froid d’automne, un petit groupe d’une cinquantaine de personnes remonte la rue de Varenne à Paris, en direction de l’hôtel de Matignon, bien décidé à obtenir une entrevue avec le premier ministre Sébastien Lecornu. Elles et ils sont les ami·es, compagnes et compagnons ou proches parents des trente-trois ressortissant·es français·es qui ont pris la mer quelques semaines plus tôt pour briser le blocus maritime imposé à Gaza par les forces israéliennes.
Très rapidement intercepté·es par les agents de police chargés de sécuriser les abords de l’hôtel de Matignon, les proches des passagers français de la Global Sumud ont patienté quelques instants derrière des barrières en acier. Et puis le verdict est tombé : le premier ministre, par ailleurs occupé à former son gouvernement, ne les recevra pas. Du moins pas ce dimanche 5 octobre. Des sifflets et huées se font entendre. (...)
Dimanche soir, le ministère des affaires étrangères a annoncé qu’un groupe de 28 Français sera expulsé lundi par Israël à destination de la Grèce. « Après une première visite consulaire vendredi (...) une seconde visite consulaire a eu lieu ce dimanche à la prison de Ktziot. Nos équipes ont pu rencontrer tous nos compatriotes, qui vont bien », a déclaré sur X un porte-parole du ministère.
« Je vous laisse regarder comment ces familles sont reçues par l’État français, s’est insurgée Anouck Michelin, avocate des familles. (...)
Sans nouvelles de leurs proches
Araisonné·es en pleine mer dans la nuit du 1er au 2 octobre, les 437 participant·es de toute nationalité de la flottille Global Sumud ont ensuite été emprisonné·es, dans l’attente de leur expulsion, ont déclaré les autorités israéliennes. Sauf que depuis leur arrestation, les proches des ressortissant·es français·es, parmi lesquel·les figurent quatre parlementaires et un journaliste, étaient sans nouvelles. (...)
Les bribes d’informations divulguées par les près de 170 militant·es de différentes nationalités, libéré·es ce week-end et immédiatement expulsé·es vers la Turquie et l’Espagne, ne rassurent pas les proches de celles et ceux qui sont encore en détention. Plusieurs ont témoigné de conditions carcérales très difficiles dans la prison de haute sécurité de Ketziot, dans le désert du Néguev, réputée pour son traitement dur et inhumain des détenus palestiniens.
Selon les échanges que les familles des équipiers français de la Global Sumud ont pu avoir avec les avocats de l’ONG israélienne Adalah, les mauvais traitements sont légion (...)
Plusieurs sont entrés en grève de la faim, dont les quatre élu·es de La France Insoumise (LFI) qui ont embarqué dans la flottille humanitaire.
L’activiste suédoise Greta Thunberg a dénoncé auprès des autorités de son pays les privations de nourriture et d’eau auxquelles elle était soumise. Selon des échanges révélés par le quotidien britannique The Guardian, la militante du climat a signalé une déshydratation et a également déclaré avoir développé des éruptions cutanées qu’elle soupçonne être liées à la présence de punaises de lit dans sa cellule. (...)
Selon plusieurs témoignages de membres d’équipage de la Global Sumud, les soldats israéliens auraient forcé la militante ainsi qu’une autre activiste espagnole à être prise en photo en train de brandir un drapeau israélien. (...)
Les déclarations incendiaires d’Itamar Ben Gvir, ministre de la sécurité intérieure israélien, ont encore ajouté à l’inquiétude des familles des passagers. Celui-ci s’est dit « fier » que les militant·es de la flottille soient traité·es comme « des partisans du terrorisme. Quiconque soutient le terrorisme est un terroriste et mérite les conditions des terroristes ». (...)
Face à l’attitude des autorités israéliennes, Mandine Urbach s’est dite consternée de voir l’État français ne pas bouger le petit doigt pour obtenir la libération de ses ressortissant·es. « On a demandé aux autorités quels efforts diplomatiques étaient mis en place par la France pour obtenir la libération de ses ressortissants et on n’a aucune réponse à part celle du ministre des affaires étrangères qui nous explique qu’au fond, il avait prévenu que se rendre à Gaza était dangereux et qu’il fallait y penser avant », s’insurge-t-elle.
Dans un message posté sur le réseau social X, le ministre Jean-Noël Barrot avait en effet déclaré, peu avant l’interception de la flottille Global Sumud, qu’« avant leur départ, il avait été rappelé aux participants qu’il est formellement déconseillé à tout ressortissant français de se rendre dans la zone » (...)
Présent aussi lors de ce rassemblement, le député LFI Thomas Portes, sans nouvelles de ses quatre camarades arrêtés jeudi dernier et en grève de la faim, a exprimé auprès de Mediapart sa « honte face à l’inaction française » alors qu’au même moment plusieurs pays dont la Turquie, l’Espagne et l’Italie « prennent des mesures pour faire libérer leurs citoyens ». (...)
Arrêtée mercredi, l’eurodéputée insoumise Emma Fourreau « serait passée devant un juge israélien samedi matin, sans présence de son avocat à l’audience, nous a affirmé son collaborateur parlementaire, Simon Leconte. La décision qui a été prise serait de la maintenir en détention jusqu’à son expulsion, sans la peine complémentaire de récidive, tout à fait illégale, dont ils la menaçaient »