
Plus de 80 corps, dont certains carbonisés, ont été découverts dans le quartier d’Abu Salim, dans la banlieue de Tripoli, en Libye. La présence de corps de migrants n’a pas été confirmée pour l’heure. Selon le Haut-commissariat aux Nations Unies, des instruments suspects de torture et de maltraitance ont été découverts sur place.
(...) "Dix corps gravement carbonisés ont été découverts au siège de la SSA [milice chargée de la sécurité à Tripoli, ndlr] dans le quartier d’Abu Salim. Soixante-sept autres corps ont été découverts dans les hôpitaux d’Abu Salim et d’Al Khadra, tous dans des réfrigérateurs et dans divers états de décomposition", a déclaré dans un communiqué le Haut-commissariat aux Nations Unies aux droits de l’Homme. Un porte-parole des Nations unies a également fait état d’"instruments suspects de torture et de maltraitance, et des preuves potentielles d’exécutions extrajudiciaires". (...)
L’ONU a demandé que ces sites soient scellés pour permettre des enquêtes médico-légales. Si la présence de corps de migrants n’a pas été confirmée pour l’heure, la prison d’Abu Salim est connue pour avoir vu passer entre ses murs des milliers de migrants subsahariens détenus arbitrairement. D’après les derniers chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM) en 2025, plus de 800 000 migrants se trouvent actuellement en Libye.
Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a également appelé à des "enquêtes rapides, indépendantes, impartiales et transparentes de la part des autorités libyennes".
La prison d’Abu Salim, l’une des pires en Libye
La découverte du charnier d’Abu Salim intervient après d’intenses affrontements qui ont fait plusieurs morts, entre le 12 et le 17 mai, entre divers groupes armés se disputant le pouvoir dans la capitale libyenne. Les combats opposaient des milices fidèles au gouvernement d’union national (soutenu par l’ONU), l’Appareil de soutien à la stabilité (SSA) qui tient le quartier d’Abu Salim, ou encore la force Radaa.
La prison d’Abu Salim est connue pour être l’un des pires centres de détention en Libye. Dans un rapport publié fin 2023, Médecins sans frontières (MSF) témoignait des conditions de vie catastrophiques dans cette prison : viols, tortures, passages à tabac, asservissement, et détournements de médicaments et de soins. "C’est là que les équipes de MSF ont constaté que les violations des droits de l’Homme ont été les plus préoccupantes", expliquait l’ONG dans son rapport.
Les découvertes de fosses communes ne sont pas rares en Libye, en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 (...)