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« Moins de routes, plus de train » : comment bifurquer vers le ferroviaire ?
Article mis en ligne le 12 juillet 2025
dernière modification le 9 juillet 2025

Alors que des collectifs se mobilisent contre des projets routiers comme l’A69, une coalition d’associations et de syndicats propose des solutions pour passer de notre modèle « tout routier » à des investissements dans le train. Décryptage.

Les opposant·es à l’A69 se sont à nouveau réuni·es aux abords du chantier le week-end du 5 et 6 juillet. La justice a déclaré en février 2025 que ce projet d’autoroute très controversé est “illégal”, mais elle a ensuite autorisé la reprise des travaux en attendant le jugement en appel. Sans se laisser décourager, près de 2000 personnes étaient présentes à ce week-end de fête et de tension avec les forces de l’ordre.

Dans un contexte d’opposition citoyenne aux projets routiers comme l’A69, comment envisager l’avenir des transports en France ? Dans quels modes de transports doivent aller les investissements publics ? Pour répondre à ces questions, le gouvernement a lancé début mai une conférence intitulée « Ambition France transports. Financer l’avenir des mobilités ». Ses conclusions sont attendues fin juillet. Pendant ces trois mois, ministères, syndicats et ONG sont consultés pour réfléchir à différents scénarios. (...)

Lorsqu’il n’existe pas d’alternative en transports en commun, les usager·es, particulièrement dans les territoires ruraux, sont alors dépendant·es de la voiture. Ce qui pèse lourd dans le budget : les dépenses de transport représentent plus de 13 % de la consommation des ménages.

Par ailleurs, les projets routiers, présentés comme une réponse à des besoins locaux, sont selon les organisations en réalité pensés pour augmenter la circulation des marchandises par la route. « Dès qu’un projet d’autoroute est lancé, le réseau des promoteurs s’active », décrit le collectif. L’autoroute en elle-même n’est alors que la partie émergée de l’iceberg. (...)

Le secteur des transports est le premier contributeur aux émissions de gaz à effet de serre en France (32 %), avant les secteurs de l’agriculture (19 %). Le transport routier est particulièrement polluant, 9 à 14 fois plus que le transport ferroviaire, rappelle la note. (...)

Les autoroutes, « une manne financière stratégique »

Au cœur de la conférence du gouvernement, il y a notamment l’enjeu des concessions autoroutières, qui permettent à l’État de confier l’exploitation des autoroutes à des entreprises privées. La plupart de ces concessions doivent arriver à échéance entre 2031 et 2036. L’évolution du chiffre d’affaires des sociétés de concessions autoroutières est impressionnante. Entre 2015 et 2023, il est passé de 9,4 milliards à 12,3 milliards d’euros annuels, et leur bénéfice est passé d’un peu plus de 2 milliards à 4,4 milliards d’euros par an. Une évolution principalement due à la forte augmentation des péages autoroutiers.

Pour l’Alliance écologique et sociale, l’exploitation des autoroutes est une « manne financière stratégique » qui profite à quelques grandes sociétés privées au détriment des usagers et usagères.

« Malgré le coût du train, le service baisse en qualité » (...)

Selon l’association écologiste Réseau action climat, faire du train un véritable moyen de transport de masse nécessiterait trois milliards d’euros supplémentaires d’argent public par an. Un investissement qui pourrait être totalement financé par la nationalisation des profits des concessions autoroutières. En 2023, Élisabeth Borne avait bien annoncé un plan d’investissements ferroviaire de 100 milliards d’euros d’ici à 2040, soit près de 6 milliards par an. Mais pour le moment, son financement n’est toujours pas bouclé.