
Bien cerner la chaleur que le corps humain peut endurer est essentiel dans le contexte actuel des changements climatiques.
Les limites de la thermorégulation humaine, c’est-à-dire la capacité du corps à maintenir une température stable en conditions de chaleur et d’humidité extrêmes, sont moins élevées qu’on le pensait jusqu’à aujourd’hui, montrent les travaux des chercheurs Robert Meade et Glen Kenny associés à l’Unité de recherche sur la physiologie environnementale et humaine (HEPRU) de l’Université d’Ottawa.
"C’est important de maintenir un système stable parce que toute notre physiologie est basée sur le contrôle de la température", explique le professeur Glen Kenny, dont les travaux sont publiés dans la revue PNAS (nouvelle fenêtre) (en anglais). (...)
En fait, des températures et des taux d’humidité qui dépassent la limite à laquelle les humains peuvent survivre sont déjà observés dans plusieurs régions du globe, et d’autres s’ajouteront à la liste dans les prochaines décennies.
Selon l’ONU, en 2024, le seuil des 50 °C a été dépassé dans au moins 10 endroits aux États-Unis, au Maroc, aux Émirats arabes unis, en Inde et en Chine. Ce seuil avait été dépassé précédemment dans d’autres pays, notamment au Mexique, en Jordanie, en Irak et au Pakistan. (...)
Mieux cerner le stress thermique
À ce jour, la limite théorique de survie humaine était de 35 °C au thermomètre humide, ce qui représente 35 °C avec une humidité de 100 % ou 46 °C avec 50 % d’humidité.
Or, les présents travaux montrent que cette limite est plus basse et serait comprise entre 26 °C et 31 °C au thermomètre humide. (...)
Dans cette expérience, les volontaires ont été soumis à des conditions de 42 °C avec 57 % d’humidité, ce qui représente un facteur humidex d’environ 62.
Les chercheurs ont ainsi pu déterminer le point où la thermorégulation devient impossible à soutenir.
« Nos résultats sont clairs. La température corporelle des participants a augmenté continuellement, si bien que bon nombre d’entre eux n’ont pas pu terminer l’exposition de 9 heures. » Une citation de Glen Kenny, HEPRU (...)
Le corps s’acclimate durant la saison
Il faut aussi noter que la capacité de thermorégulation d’une personne peut varier au gré de la saison.
Par exemple, la limite de thermorégulation lors d’une première canicule en mai est beaucoup plus basse que lors d’une vague de chaleur observée en septembre.
Et les seuils sont différents pour certains groupes comme les personnes âgées et celles qui vivent avec des maladies chroniques.
Cette réalité et les nouvelles compréhensions de la thermorégulation humaine doivent être prises en considération et guider les politiques de santé et les mesures de sécurité publique qui sont mises en place, estiment les chercheurs. (...)