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« On est entrés à nouveau dans un monde où le droit n’existe plus, sinon le droit du plus fort »
#droit #loiduplusfort #humanite
Article mis en ligne le 13 février 2025
dernière modification le 10 février 2025

François Hartog, historien émérite à l’EHESS, observe dans un ouvrage érudit, Départager l’humanité, comment, de l’Antiquité à nos jours, l’homme a pu autant basculer dans l’inhumain.

(...) François Hartog : Partager est un verbe qui a plusieurs sens. C’est, d’un côté, trancher, séparer, donner à chacun sa part, son rang, sa place. Mais c’est aussi, de l’autre, partager quelque chose avec quelqu’un. Il y a ces deux possibilités contenues dans le mot lui-même. Si j’ai souhaité parler surtout du partage au sens de séparer, il y a quand même une présence à l’arrière-plan de l’autre signification, sur laquelle je n’ai pas centré mon propos. Parce que ma question était celle des figures de l’humain à travers les siècles, qui est un sujet à peu près sans fin. (...)

Lire aussi :

 (Editions Gallimard)
François Hartog
Départager l’humanité. Humains, humanismes, inhumains

Collection Bibliothèque des Histoires
Gallimard

Créer, disent les grands textes fondateurs, c’est partager et départager : entre des mortels et des immortels, entre des humains et des bêtes, entre un Dieu éternel et des êtres éphémères, entre un corps périssable et une âme immortelle…
Ce geste premier lance toute l’enquête. Scruter les façons dont ces partages ont été repris, transformés, contestés, rejetés au cours des siècles : tel est son objet. Ce sont donc autant de figures historiques de l’homme qui sont, un chapitre après l’autre, interrogées : l’anthrôpos grec, l’homo humanus romain, l’homo christianus, puis l’homme des humanistes, celui aussi qui fait sien le « je suis homme et rien d’humain ne m’est étranger », avant que la proclamation « l’homme est un Dieu pour l’homme », elle-même bientôt suivie par l’annonce de « la mort de l’homme », ne débouche sur la récusation d’un « propre » de l’homme et de tous les dualismes qui, au cours des siècles, ont jalonné son histoire.

Humains, humanismes, inhumains : le sous-titre précise encore le cadre historique. En se conjuguant et en s’opposant, les trois termes font système. (...)

Parcourir ce grand arc qui mène de la formation d’anthrôpos à sa dissolution n’implique ni que ce chemin fût tracé d’avance ni qu’il doive déboucher sur une quelconque apocalypse. En revanche, c’est montrer comment le moment présent, celui d’une désorientation généralisée, s’inscrit dans une histoire longue. Et, du même coup, aider à le mieux comprendre. (...) (...) (...)